Si il y avait bien un endroit agréable où il voulait aller, où il avait l'habitude d'aller, c'était bien sur les toits de l'école. Enfin tranquille, loin du remue ménage provoqué par tant de jeunes adolescents, partout dans les couloirs, autour de lui. Pas que ça le gênait, il avait finit par s'habituer, mais tout de même, un peu de silence était apaisant. Il avait besoin en ce moment de solitude. Il n'aimait pourtant pas ça d'ordinaire, et il était déjà persuadé qu'il irait retrouver Amadeus à l'infirmerie un peu plus tard. Il soupira, c'était une fin d'après midi d'automne un peu fraiche, les feuilles brillaient d'un étrange éclat rougeoyant, les bruits de la forêt lui parvenaient lentement, le chant doux des oiseaux. Un rossignol peut-être. Il n'aurait pas su le dire. Au loin, le son d'un ruisseau léger et la brise doucereuse entre les arbres, lui donna l'impression soudain, d'être très loin de tout ça. Assis tout en haut, si bien que personne ne pouvait le voir, Aaron rêvait. A moitié allongé sur les tuiles, un bras derrière la tête, les cheveux éparpillés tout autour de son crâne, formant une auréole de douceur, quasi surnaturelle. La personne qui aurait pu passer au-dessus de lui, aurait pu le prendre pour un ange.

Il était si perdu en ce moment. Il ne savait plus ce qu'il faisait, lui qui essayait sans cesse de ne pas laisser paraitre ses émotions, il se retrouvait dans l'incapacité de le faire, surtout face à Amadeus. Ce qui s'était passé entre eux était tellement...étrange. Et à la fois si naturel. Il ne savait pas ce qu'il ressentait pour lui. De l'amour ? Ha non, pas question, à bannir. Il ne fallait pas tomber dans ce genre de conneries. Il connaissait déjà les effets, et les dangers de ce genre de trucs complètement débiles dont l'amour faisait partie. Pourtant, faire l'amour avec lui avait été si bon, si libérateur.

"Secoue-toi crétin. Depuis quand t'es aussi sentimental hein ?" Marmonna-t-il, l'air mauvais.

Et puis de toute façon, il était inutile de penser à une quelconque relation amoureuse avec lui. Il n'était pas intéressé par l'amour, lui non plus. Et puis, il pouvait avoir qui il voulait, alors pourquoi Amadeus ? Pourquoi se contenterait-il d'une seule personne ? Ce n'était décidément pas dans ses habitudes. Il repensa soudain, aux mains d'Ama dans ses cheveux, à la douceur de sa peau, à son regard perçant. A ses lèvres brûlantes, pressantes, sur les siennes.
Il frissonna.

Soudain, il entendit, la porte qui menait aux toits s'ouvrir. Zut. Lui qui se croyait seul au monde. Une petite tête apparut dans son champ de vision. La petite Ann ? Que faisait-elle ici ? Après tout, chacun avait ses raisons de se balader sur un toit.
Elle ne l'avait pas encore vu.
Soudain, du pollen parvint à ses narines délicates, et il ne put retenir un éternuement.

"Oups..."