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 Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE]

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Ethan McLorgan
Ethan McLorgan
Directeur de Nasteen - Potions MagiquesDirecteur de Nasteen - Potions Magiques

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Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Vide
MessageSujet: Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Icon_minitimeDim 3 Avr - 14:55

La journée était plutôt ensoleillée ; le printemps avait commencé à faire surface parsemant le Parc du château de fleurs et d’abeilles, les arbres de jeunes bourgeons qui ne demandaient qu’à s’épanouir, gorgés de chaleur solaire. Un bon nombre d’élèves sortaient, quittant les murs de Swelty et profitant de la douceur du temps, l’agréable sensation qu’au-delà des parchemins à écrire pour tel et tel cours il existe une vie, un univers qui ne demande qu’à être découvert et apprécié. Les plus studieux d’entre avaient même migré de la bibliothèque pour profiter de l’ombre d’un arbre et de la caresse du vent léger et chaleureux. Certains professeurs avaient troqué leur imposante figure de respect pour un visage plus décompressé et souriant. C’était le printemps, un samedi matin, le week end qui accueillait les travailleurs à bras ouverts pour leurs promettre amusements et distractions en tout genre, loin, bien loin de toutes sources d’inquiétude engendrée par le travail.

Seul dans son cachot, Ethan faisait l’inventaire des ingrédients qui lui seraient utiles pour ses prochains cours. Un parchemin sur son bureau, une plume à papotte à l’affut, il dictait le nombre restant de chaque ingrédient et instrument. Il devrait faire ça sur trois armoires, et pourrait passer ensuite à celles de son bureau. Peu importe le temps que cela lui prendrait, les cachots n’ayant pas de fenêtres, il n’avait pu contempler le resplendissant soleil qui, dehors, animait le cœur de chacun et le poussait à vadrouiller aux alentours du château jusqu’au village même. Ethan ne sentait pas de déplaisir dans la tâche, ça faisait partie de son travail après tout et il aimait établir des statistiques sur les raisons pour lesquelles un ingrédient manquait plus que d’autres, supposant que certains élèves avaient eu plus de mal avec certaines potions, les obligeant à recommencer leur breuvage qui ne donnait généralement rien de très satisfaisant, même pas un poison pouvant assommer un cafard. C’était étrange de voir à quel point les sorciers portaient si peu d’intérêt aux potions, elles pouvaient pourtant se montrer très utiles, et même parfois très dangereuses si l’on n’était pas suffisamment vigilant. Et pourtant, malgré ses vingt-trois années, Ethan ne comprenait toujours pas cette attitude visant à considérer sa matière comme étant une perte de temps ou symbole de magie noire.

Il passa près de deux longues heures à faire l’inventaire tout en poursuivant sa réflexion sur les élèves et leur relation quant aux potions. Plus la question se posait, plus il était évident qu’il n’avait peut-être pas le talent suffisant pour faire apprécier sa matière. Le professeur de potions n’était pas stupide, il savait bien qu’il pouvait être dur parfois, et sec, et cassant, et humiliant, et moqueur, sadique, intransigeant, buté, trop perfectionniste, exigeant, une vraie plaie dont les élèves voulaient à chaque fois s’échapper, se guérir, se laver comme ils l’auraient fait d’une tache incrusté à leur habit, les souillant et les faisant se sentir sales. C’était peut-être ça le hic dans sa façon de faire, il n’avait de considération que pour ceux qui s’en donnaient la peine. Réussir une potion n’est pas si difficile en soi après tout, pas plus que de transformer un parapluie en flamant rose. Mais pourtant personne ne faisait vraiment l’effort de se concentrer sur son travail. Ces jeunes, ils ne savent pas apprécier les arts nobles et élégants, pour eux, il ne s’agit que de faire des étincelles et ils s’en satisfont très bien. Quelque part, il était déçu de ne pouvoir compter que sur les doigts d’une seule main, ces petits adorateurs en herbe qui peut-être un jour deviendraient comme lui, d' éminents maîtres des potions, reconnus parmi les plus grands. Peut-être devrait-il sourire davantage, se montrer plus clément et patient. Ils ne voient simplement pas la difficulté du geste, et son caractère inadapté à la situation. Il ne s’agit nullement de cuisine, les cours de potions n’enseignent pas à faire une soupe au potiron ou cocktail de fruits exotiques, c’est avant tout un art qui peut ôter comme donner la vie. Mais tout le monde s’en fout aujourd’hui, plus personne n’a de patience et d’envie pour ce qui est long en préparation. Un sort, c’est instantané, une potion demande application, précision, patience et rigueur ; ils sont beaucoup trop fainéants pour ça.

Ainsi continua-t-il de bougonner comme un vieux sorcier sur l’incompréhension dont souffrait sa matière. Une fois dans son bureau, il posa son parchemin, sa plume et se dirigea vers la fenêtre. Il fut surpris de voir à quel point il faisait beau et même avec quelle force il se sentait attiré par l’envie de gambader lui aussi dans l’herbe. Il se tourna vers les deux autres armoires dont il lui restait à faire l’inventaire, reporta quelques chiffres sur son parchemin, referma l’armoire, et enfilant une veste, saisit son journal, et sortant, prit la direction du hall et des grandes portes du château.

Il était si bon de se retrouver dehors, sous les rayons timides du soleil printanier. Ethan poursuivit son chemin jusqu’aux grilles du château, un tour au village ne lui ferait sans doute pas de mal, et il pourrait en profiter pour faire quelques emplettes, et s’asseoir à une terrasse, devant un thé à l’écorce de cèdre, continuant l'écriture de ce qu’il espérait être son futur et premier roman. Sur son chemin, il croisa des élèves qui, surpris de le rencontrer dans un autre contexte que les cachots humides et peu accueillants, se laissaient à esquisser un sourire discret, ne sachant vraiment s’ils pouvaient se le permettre. Il ne leurs accorda qu’un bref regard noir, décidé à ne pas faire cet effort de paraître sociable sous prétexte qu’un minuscule rayon de soleil avait tapé sur leur tête de piafs. Certains se renfrognèrent, décrivant un arc de cercle pour finalement le contourner, d’autres accélérèrent le pas, et d’autres encore persistèrent dans leur bêtise d’imaginer qu’ils seraient suffisamment spéciaux pour mériter un changement d’attitude chez leur professeur de potion. Pour ceux-là, Ethan lançait son plus terrible regard à vous en stupéfixer sur place et, une fois qu’ils étaient derrière, esquissait un léger sourire d’amusement. Torturer les jeunes sorciers était presque devenu un jeu auquel il adorait s'adonner à longueur de journée.

Après quelques centaines de mètres et élèves apeurés plus tard, il se trouva sur la place du village, dont les terrasses semblaient être toutes pleines à craquer de jeunes et de moins jeunes sorciers. Évidemment, il aurait sans doute du mal à se trouver une place, à moins de s’asseoir sur le rebord de la grande fontaine qui faisait jaillir de l’eau aux reflets étincelants aux couleurs indéfinissables. Il commanda une tasse de thé qu’il prit finalement à la fleur d’oranger (le stock de thé à l’écorce de cèdre étant épuisé) et alla s’asseoir près de la fontaine sur le rebord de laquelle il posa tasse, journal et fesses. Non loin de lui, semblait s’amuser un jeune sorcier, éclaboussant ses camarades, et pouffant de rire à chaque volée d’eau aspergeant les alentours. Son regard enfantin et stupide vint à croiser celui du professeur de potion. Une alchimie entre les deux êtres sembla se produire car sans même dire un mot, Ethan comprit les intentions malveillantes du gamin masochiste et lui dit d’un ton cinglant :

« À ta place je n’y penserais même pas ! »

Et avec un sourire diabolique, l’enfant osa, plongeant sa main dans l’eau fraiche et aspergeant Ethan qui se leva d’un bond, sortit sa baguette et visant la fontaine, en fit surgir une gigantesque vague qui recouvrit le gamin, l’entrainant sur quelques mètres et le laissant choir là, trempé. Se séchant d’un autre coup de baguette magique, Ethan esquissa un sourire et se rassit :

« On devrait recommencer une prochaine fois, qu’en penses-tu ? Si tu as des amis, ammène-les également.»

Et l’enfant de fuir en courant.


Dernière édition par Ethan McLorgan le Mer 18 Mai - 7:02, édité 2 fois
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Seth Ezekiel
Seth Ezekiel
Prof. Sortilèges et EnchantementsProf. Sortilèges et Enchantements
Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Vide
MessageSujet: Re: Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Icon_minitimeLun 4 Avr - 0:56

[Au moindre truc qui cloche, je modifie! N'hésite pas à me faire part du moindre soucis =3]

    La brise légère qui s'infiltre par la fenêtre et les rayons du soleil qui dardent dans ce lit vide. La douce mélodie d'un rossignol qui, sous sa douche, s'évertue à se faire beau.
    Rien de tel que d'être éveillé par la lumière du jour, un samedi matin aussi délicieux. C'est ce qu'avait dû se dire Seth en sautant à pied joint de son lit douillet, rejetant couvertures et draps.

    Quoique, ce jour-là, il avait une mission à réaliser. Et d'importance, qui plus est. C'est pourquoi il s'était empressé de se laver et de s'habiller. Une chemise blanche et un jean noir pour parure, Seth s'était placé face à son miroir, admirant le travail que la nature faisait sur lui.
    Il en conclut que son âge finirait par le rattraper et qu'un jour, il devrait se couper les cheveux de manière bien plus régulière et approuvée pour un homme de sa prestance. Mais pour le moment, cette coiffure d'adolescent lui plaisait. Et il n'avait jamais eu confiance en un coiffeur.
    De ce fait, il alla se poser sur son lit, enfilant chaussettes et chaussures avant d'aller secouer sa cape pour y trouver sa baguette magique et un paquet de cigarettes. Il prit les deux, plaçant le premier dans sa poche de pantalon gauche et le second dans la droite.
    Il le ressortir d'ailleurs presque aussitôt pour prendre une clope et la glisser derrière son oreille. Fumer dans l'enceinte de l'école? Il ne se le serait jamais permis.

    Voilà pourquoi il sortit aussitôt de sa chambre, la verrouillant soigneusement avant de placer la clef au-dessus du chambranle, dans un interstice soigneusement dissimulé à la vue de tous. Si bien caché qu'il lui arrivait de perdre quelques minutes à le chercher...
    Et quelques heures quand il buvait un peu.

    Enfin, tout ça pour dire qu'il descendit les escaliers quatre par quatre, comme à sa grande habitude, saluant chaque élèves qui se trouvèrent sur son chemin. Par un heureux hasard, il eut même la chance de rencontrer quelques collègues qui remontaient du petit-déjeuner, la panse pleine. Pendant plusieurs minutes, il échangea des nouvelles avec ses nouveaux amis, avant d'être congédié par un "Allez, à plus tard mon vieux!" qui l'intimait à reprendre sa route.
    Il ne vit cependant pas l'unique personne qu'il cherchait en ce jour, ce qui le poussa à quitter la cage d'escalier pour se glisser dans les couloirs de l'école.
    Il n'avait pourtant pas l'habitude d'arpenter ainsi les différentes ailes de l'institut, mais une certaine obligation l'y poussait. Tournant donc à droite dans le hall, suivant ensuite les couloirs sinueux de l'école, il parvint à une nouvelle cage d'escaliers qui s'enfonçait dans les profondeurs de Swelty.
    A pied joints encore une fois, il sauta sur la première marche et dévala les autres à toutes vitesses. Le soleil n'attendait pas, ni même ses amis.

    Seth arriva donc dans les cachots. Cet endroit lugubre dans lequel il ne se plairait pas à donner cours, mais où il appréciait passer une fin de journée en compagnie d'un de ses amis. Enfin, ami était peut-être un bien grand mot. Mais pour ce cher Ezekiel, qui n'est pas ennemi est ami. C'est donc ainsi qu'il avait toujours considéré le professeur McLorgan. Un garçon de peu d'année son cadet, aussi strict qu'adorable. Seulement, il fallait être aussi courageux que Seth pour s'en rendre compte.
    Parce qu'Ethan, sous des dehors d'homme dur, n'était en fait qu'un adulescent timide. Ou du moins était-ce la conclusion à laquelle Seth était arrivé en voyant son ami s'embourber dans la maladresse à chacune de leurs rencontres. Ou bien était-ce par peur?

    Avant de toquer à la porte du cachot où l'homme avait de grandes chances de se retrouver, Seth s'arrêta. Il détestait faire cela, et avoir à le cacher. S'il était devenu si proche d'Ethan, c'était d'abord à cause de cette foutue portion avant d'être par pure entente. La potion tue-loup, que son collègue s'était vu l'obligation de confectionner sans questions, en grande quantité et à plusieurs reprises dans l'année. Sans savoir pour qui, ni pour quoi, il devait simplement la remettre en main propre à Seth Ezekiel, le professeur de sortilège.
    En toute logique, tout le monde se serait inquiété de cela. Mais personne d'autre que Seth, Ethan et le directeur Darren n'étaient au courant.
    Sauf que Seth craignait qu'Ethan comprenne, ou ait déjà comprit. C'était peut-être la raison de sa peur constante lorsqu'ils se trouvaient réunis.

    De toutes manières, Seth devait passer par là. Et si son collègue le craignait, il n'y pouvait rien. Ainsi donc, il entra dans le cachot, se rappelant trop tardivement qu'il n'avait pas encore toqué.
    Mais le cachot était vide, et cela ne dérangea que lui.

    « Bon sang. Ethan a découvert que le soleil existait. »

    Un grand sourire naquit sur les lèvres du professeur qui s'enfonça dans la salle pourtant vide. Il imaginait l'autre instituteur derrière son pupitre, faisant l'inventaire dans une classe vide ou enseignant à une fratrie de gosses plus stupides les uns que les autres - Cette idée, il la prenait dudit collègue. Seth, lui, considérait chaque gosse comme un puits de sagesse.
    Enfin, il se laissa prendre par cette divagation qui le conduit vers les registres toujours posés sur le bureau d'Ethan. Il feuilleta l'un d'entre eux, tombant sur le nom d'un produit et la quantité qu'il restait de celui-ci.
    Il se rappela alors qu'il en avait prit il y a quelques temps, sans songer à le noter.
    D'un mouvement de poignet, il saisit sa baguette et nota, sur un bout de parchemin, que s'il manquait quelques ingrédients pour fabriquer « Notre potion secrète », il était fort probable que se fut de sa faute. Il s'excusa, signa de son nom et dessina un smiley aux cheveux bleus.
    Un sourire qui, il l'espérait, réussirait à être transmit à Ethan pour quelques secondes au moins.

    Enfin, les cachots retrouvèrent leur paix. Seth, lui, se trouvait déjà un étage plus haut, ganbadant comme un enfant dans l'herbe des jardins de Swelty. Il ne fit aucunement attentions aux élèves rieurs qui l'écoutaient siffloter de bonne humeur. En réalité, il ne remarqua que ceux qui, la mine défaite, retournaient dans l'enceinte de l'école, bougonnant à propos d'un « vieux professeur sanguinaire incapable de sourire, nul, complètement co...»

    « Hey, petit! Sois poli, tu veux? Tes professeurs sont tous aussi gentil que compétant. Tu me feras trente lignes de plus pour ton devoir de mardi. »

    Il ne remarqua que plus tard les traces d'eau laissée par les pas du gosse.
    Certes, il faisait chaud. Mais de là à plonger dans l'eau du lac...Ou peut-être...

    « Ah, attend. Si tu me dis où est ton professeur de potions, je te donne cinq lignes de moins à faire que tes camarades. Tu sais où il est? »

    Le gosse releva la tête et desserra les poings. Il semblait, tout à coup, de bien meilleure humeur, tandis qu'il pointait le chemin vers le village du bout de son doigt boudiné.
    Seth le remercia d'un aimable sourire et d'un sort qui sécha entièrement le gamin. Il lui donna aussi un mouchoir, en prévision d'un rhume à venir, et s'encourut vers l'enceinte de l'école où il put enfin transplanner, sous le regard ravi d'un élève à nouveau heureux de constater le retour du printemps.

    Il ne fallut pas plus longtemps à Seth pour retrouver son collègue. L'extérieur de la fontaine était plus mouillé que le bassin de celle-ci. Et derrière le jet d'eau multicolore, les mauvaises ondes d'un professeur de potions se faisaient ressentir. Ezekiel comprit aussitôt pourquoi l'élève s'était retrouvé dans un tel état, et c'est donc en silence qu'il se mit à rire, approchant sans un bruit de la fontaine où il trempa l'extrémité de ses doigts.
    D'une pichenette, il lança quelques gouttes d'eau sur le visage de son collègue, posant ses fesses à côté des siennes.

    « Bien le bonjour, Ethan! »

    Signé d'un grand sourire, il espéra, en riant plus ouvertement cette fois, que son ami ne lui inflige pas le même sort qu'au gentil petit garçon.
    Il espéra aussi que son sourire s'appose sur le visage de son ami, pour un peu plus que quelques secondes.
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Ethan McLorgan
Ethan McLorgan
Directeur de Nasteen - Potions MagiquesDirecteur de Nasteen - Potions Magiques

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MessageSujet: Re: Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Icon_minitimeLun 4 Avr - 6:07

Regardant le jeune élève s’enfuir, Ethan ne put s’empêcher de ressentir une pointe de culpabilité. Peut-être la crainte qu’il inspirait à ses élèves était bien fondée… Non, bien sûr qu’elle était fondée, et il était inutile de se le cacher : Ethan était un vrai tyran. Posant son regard là où le gamin avait chu quelques minutes auparavant, emporté par la déferlante que lui-même avait causé, il se dit qu’il était trop tard maintenant pour réparer les dégâts et que courir après l’élève serait sans doute suspicieux aux yeux de tous (et le pauvre garçon en ferait certainement une crise cardiaque). Il demeura donc là, assis sur la partie sèche du rebord de la fontaine, buvant sa tasse de thé à la fleur d’oranger, et feintant de ne pas voir les regards effarés et outrés des clients qui profitaient du beau temps en sirotant cocktails et bières au beurre sur les terrasses et qui venaient d’assister à une scène à la fois cocasse et la fois démesurée de la part de l’adulte. Aussi loin qu’il essayait parfois de se plonger dans son passé, Ethan ne parvenait jamais à remonter à la cause ou aux prémices de sa volonté d’assurer ordre et rigueur autour de lui. Enfant, il avait pourtant passé beaucoup de temps à jouer avec ses voisins, à taquiner sa mère aussi, dans l’espoir de lui faire oublier l’absence de son père et rompre son chagrin. Mais sinon, il ne voyait aucun traumatisme qui aurait pu le marquer à un tel point qu’il était à présent tout ce qu’il n’avait jamais rêvé d’être : un professeur de potions méchant et craint de tous. À cette idée de ne pas être apprécié, il s’attarda sur les rares élèves et collègues qui avaient été capable de saisir sa bonté perdue dans son nuage d’autorité tyrannique. C’était une bien faible consolation, mais après tout, même les plus aimés des sorciers ne pouvaientt compter leurs amis que sur les doigts d’une seule main. Ethan avait-il cependant un seul ami ?? Cette idée qui d’habitude ne l’aurait pas inquiété, le saisit à ce moment-là d’une profonde tristesse. Baissant la tête de manière à ce que ses cheveux noirs viennent cacher son regard, il soupira, fatigué de cette introspection. Les relations humaines n’étaient pas son fort après tout, que pouvait-il bien changer à ça ? Peut-être aussi était-ce trop tard, à vingt-trois ans, pour se rendre compte de son mauvais caractère assassin.

D’une main faiblement tremblante, il prit son journal, l’ouvrit à la dernière page sur laquelle il avait écrit (ou gribouillé ; ça ressemblait plus à un brouillon qu’autre chose), et faisant apparaitre une plume et un encrier d’un coup de baguette magique, se mit à rédiger le début d’un nouveau chapitre. Cette volonté d’écrire l’avait pris il y a quelques mois de ça, alors qu’il venait d’arriver à Swelty et qu’incapable de dormir, il avait commencé à songer à un semblant d’histoire qu’il s’était senti obligé de noter dans un cahier qu’il appelait maintenant son journal. 368 pages avaient déjà été noircies de son écriture sale et anarchique qui ne lui ressemblait généralement pas. Autant de pages que de pensées nouvelles sur son existence, ses regrets, ses désirs, qui se muaient pour former une intrigue qu’il jugeait pauvre, mais qui, caractérisant le sujet de ses propres rêveries, lui suffisait pour les apprécier. Jamais il ne serait publié, et finalement, peut-être cela valait-il mieux, sans quoi tout le monde aurait découvert la sensibilité du professeur de potions, à moins qu’il n’utilisât un nom de plume.

Les évènements qui coupèrent net le flux de ses pensées se passèrent avec tellement de rapidité et d’incompréhension, qu’il fut incapable de rester maître de la situation. Il sentit soudain quelques gouttes d’eau sur son visage qui l’amenèrent en un à quart de seconde à penser qu’un autre enfant tentait de s’amuser de lui, ou que le même élève était revenu réclamer vengeance. Il commença à sentir son éternelle exaspération saupoudrée d’excitation enfantine à l’idée de noyer une nouvelle fois son nouveau rival, lorsqu’une voix familière rompit ses projets imminents et le laissèrent pantois.

« Bien le bonjour, Ethan! »

Il n’y avait pas de doute, ça ne pouvait être qu’une seule personne. Il aurait reconnu ce doux son qui caressa son oreille même s’il avait été entouré d’un groupe d’enfants cherchant à lui faire payer toutes ces années d’injustices envers ses élèves. Entre tout ce brouhaha il aurait su, il aurait deviné qu’il y avait parmi la foule, la seule personne capable de le déboussoler et de causer sa perte : Seth Ezekiel. En concevant que son bourreau se trouvait assis à ses côtés, il eut un mouvement de recul qui failli le précipiter dans la fontaine. Pour se rattraper de sa chute, il ne put que plonger son bras dont la main tenait fermement son journal dans l’eau et y toucher le fond pour s'appuyer. Les jambes en l’air, le bras noyé jusqu’au-dessus du coude, il se sentit l’espace d’une seconde dans la plus traumatisante des situations qui, si elle avait eu lieu durant son enfance, aurait pu expliquer son changement radical d’attitude. Il se ressaisit tout aussi rapidement qu’il était tombé et d’une voix qu’il ne contrôlait plus dit à son collègue :

« Seth, tiens, te voir, une surprise, quoi tu fais ? »

Si ses cheveux avaient été assez longs, il aurait aimé pouvoir s’y perdre pour dissimuler l’affliction qui le submergeait en ce moment précis. Il avait été incapable de formuler une simple phrase de courtoisie employée pourtant quotidiennement. Il posa un instant le regard sur son journal trempé dont les pages délavées n’affichaient plus qu’une pagaille de symboles et de lettres ne portant plus de sens. Il le laissa tomber par terre, et croisant les jambes, tenta de reprendre une posture plus propre à son statut. Avec sa main droite mouillée par l’eau qui s’écoulait encore de sa manche, il attrapa sa tasse de thé qu’il porta à des lèvres fines et tremblotantes.

« Ne sais-tu pas que j’en ai étripé pour moins que ça, Seth ? »

Sa voix n’avait rien de contrôlée, ses idées étaient confuses, et jamais auparavant il ne s’était senti aussi peu à l’aise de prendre la parole. Mais il ne put s’empêcher d’afficher un sourire timide devant le visage rayonnant de bonté de son collègue. À chaque fois qu’ils se croisaient tous deux dans un couloir, ou que Seth venait toquer à sa porte pour leur « rendez-vous » habituel, Ethan ne pouvait s’empêcher de ressentir comme un nœud dans son estomac ; un mélange de bonheur, de panique, et d’envie de retourner voir sa mère pour la supplier de le border ce soir dans son lit. Il avait déjà ressenti ça auparavant, pour sa première amoureuse, lorsqu’il avait six ans, mais ayant jugé que ça ne pouvait avoir de sens dans ce contexte, il demeurait toujours désagréablement étonné de sa soudaine bêtise. Toujours cherchant à construire des phrases correctes, il poursuivit dans son baratin inopportun, car c’était tout ce qu’il se sentait capable de dire.

« N’as-tu donc jamais entendu parler des supplices que j’ai apparemment affligé à des élèves qui n’auraient jamais revu le jour ? Tu devrais écouter tes élèves te raconter leurs histoires, elles sont épatantes de créativité. »

Il entendit dans son esprit une voix reprendre le dessus, suppliant le beau Seth de ne pas les écouter et que tout était infondé… QUOI ?? Qu’avait-il pensé ?? Seth ?BEAU ??? T_T mais pourquoi avait-il pensé ça ?! pris d’un sentiment total de panique, il baissa la tête, espérant pouvoir cacher les rougeurs qui devaient sans doute être apparues sur son visage.


Dernière édition par Ethan McLorgan le Mer 18 Mai - 5:00, édité 6 fois
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Seth Ezekiel
Seth Ezekiel
Prof. Sortilèges et EnchantementsProf. Sortilèges et Enchantements
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MessageSujet: Re: Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Icon_minitimeLun 4 Avr - 7:35

Spoiler:

    Si l'amitié est une de ces vertus qui fait que deux êtres partagent tristesses, rires et moments extraordinaires, elle n'est cependant pas équitable. Elle ne distribue absolument pas la honte de manière juste. Deux amis n'ont pas honte au même moment. En réalité, il arrive même plus souvent que l'un ait honte...Et que l'autre parte dans un éclat de rire à s'en décrocher la mâchoire.

    C'est momentanément ce qui arrivait à Ethan et Seth. Autant le premier vivait l'un des pires moment de sa vie, autant l'autre suffoquait de rire, les larmes pendues à ses cils.
    Comme un gamin, Seth se voyait absolument incapable d'aider son cher et tendre ami. Il parvenait à peine à décrocher ses mains de son ventre pour les tendre à l'autre homme. A tel point qu'à la moindre tentative, il se voyait contrait de les repose sur son ventre douloureux. Il ne voyait plus son ami, fermant les yeux sous la force du fou-rire.

    C'était le printemps, dans le village magique. Un grand nombre de personnes buvaient de tout, assis sur les terrasses des buvettes. D'autres mangeaient des glaces en parlant avec leurs amis. Quelques uns n'étaient là que pour admirer le ciel, allongé sur des talus d'herbe. Il y avait un homme, un vieil homme, assit sur un banc, qui fumait la pipe en surveillant des enfants qui jouaient aux billes.
    Ils étaient peut-être même trop nombreux, sous ce soleil revigorant. Trop nombreux à soulever le regard dans la même direction, sans comprendre le pourquoi de ce qui se passait sous leurs yeux. Pourquoi ce grand crétin aux cheveux bleus riait à en avoir des crampes, et pourquoi l'autre restait dans une position inconfortable qui allait entre la chute et...Et la chute.

    Seth, lui, comprenait très bien ce qui se déroulait face à lui, puisqu'il en était la cause. Raison pour laquelle il essayait, sans trop y parvenir, d'arrêter de rire. Il n'y arriva que lorsque son collègue parvint à se rasseoir correctement sur la fontaine.

    « Seth, tiens, te voir, une surprise, quoi tu fais ? »

    Il s'arrêta de sourire pendant un instant. Mais ses lèvres n'arrêtaient pas de trembler, tout comme le voile de larmes dans ses yeux. Ses narines bougeaient aussi un peu, et des secousses agitaient son corps recroquevillé.
    Prémisse du grand éclat de rire dans lequel il repartit et qui fit rouler des larmes sur ses joues pour de bon. Maladroitement, il passa sa main sur son visage, poussant un long soupire d'aise tout en affichant le sourire le plus ravissant qui lui avait été donné de montrer depuis son arrivée à Swelty. Il s'empêcha de continuer à rire, donnant une légère tape sur le dos de son collègue, pour s'excuser du fou rire et surtout de la surprise que son arrivée avait occasionnée.
    Seth lui fit aussi un clin d'œil, les joues quelques peu rougies, avant de retrouver un faciès moins rieur mais toujours aussi souriant.

    « Ne sais-tu pas que j’en ai étripé pour moins que ça, Seth ? »

    Se rasseyant aussi sur le rebord de la fontaine, le professeur de sortilège hocha vivement la tête.

    « Oh, bien sûr que si, je suis au courant! »

    Il se mordit la lèvre inférieure pour s'empêcher de rire en se souvenant de la tête du gamin qu'il avait croisé dans le parc de l'école, et se rendit compte qu'il ne s'était absolument pas trompé quant à le raison de le trouver aussi...Humide.

    « N’as-tu donc jamais entendu parler des supplices que j’ai apparemment affligé à des élèves qui n’auraient jamais revu le jour ? Tu devrais écouter tes élèves te raconter leurs histoires, elles sont épatantes de créativité. »

    Le professeur dévisagea son ami, l'air quelque peu étonné et amusé par ce qu'il disait. Ce serait intéressant, en effet, de questionner ses élèves quant à l'attitude de leur professeur.
    Contrairement à ce qu'il pensait d'Ethan, il était fort probable que les élèves en aient une toute autre version. Et il s'en fichait pas mal, d'ailleurs. Ce qui l'importait était l'Ethan qu'il connaissait, pas celui qu'eux essayent de connaître, quatre heure par semaine.

    D'ailleurs, il se désintéressa bien vite de l'idée, lorsqu'il aperçu le livret trempé sur le sol. Se pouvait-il qu'il appartienne à son ami? Serait-ce lui qui...

    « Ah, mince, ton livre! »

    Au fond, il disait ça sans trop le savoir. Ce devait être un registre comme un autre, mais si Ethan devait le recommencer par sa faute, le loup-garou s'en mordrait les doigts. Si bien qu'il perdit tout sourire à cette pensée et se laissa glisser de la bordure pour se retrouver accroupis face à Ethan. Il saisit des deux mains le livre, avec une délicatesse réservée aux petits enfants ou au chaton.
    Ensuite, plus fermement, il saisit sa baguette magique et, se redressant quelque peu, passa le bras par dessus les cuisses d'Ethan pour venir tremper le bout du bâton dans le réservoir à encre.

    « Pour tous les services que tu m'as déjà rendu! »

    Il redressa la tête, toujours accroupi, puis observa à nouveau l'ouvrage de son ami. Son visage caché par ses cheveux ne laissèrent pas voir ses fines lèvres se mouvoir lorsqu'il formula son sort. Un rond, un mouvement vers le haut et deux secousses qui firent tomber une goutte d'encre sur la couverture du cahier, et le tour était joué.
    L'eau tomba du livre comme s'il avait été question d'un verre que l'on vide, et l'encre, quant à elle, se rassembla en de jolies lettres fines et calligraphiées.

    « Ah, oui, j'avais pas pensé à ça. »

    Il se releva alors soudainement, debout face à Ethan, et se pencha aussitôt, son visage arrivant à la même hauteur que celui de son ami. Il posa une de ses mains sur son épaule, le serrant quelque peu pour ne pas qu'il tombe en arrière. De l'autre main, il tenait sa baguette magique et le livre sec et à nouveau manuscrit, qu'il plaça dans la paume de l'autre professeur.

    « J'espère que mon écriture ne te dérangera pas...Et puis, tu n'avais qu'à pas être si surprit. »

    Il se permit un nouveau rire avant de relâcher l'autre homme de son emprise.

    « Tu veux que je fasse quelque chose pour ta manche, ou tu préfères attendre qu'elle sèche au soleil? D'ailleurs, que dis-tu d'une ballade? »

    La proposition était certes rapide, mais elle venait de passer par la tête de Seth qui, vérifiant la magnifique couleur du ciel, s'était imaginé vadrouller dans les hautes herbes en parlant de tout et de rien. Mais surtout de tout, avec Ethan. Et si Ethan n'était pas pour, alors, sans doute cela le rendrait triste et ferait-il un peu la moue, comme un gosse.
    Mais Ethan dirait oui, il en était impossible autrement. A tel point qu'il lui tendit la main, comme pour l'inviter à une danse.
    Tout cela avec un beau sourire dont il ne se défaisait que très, très rarement.
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Ethan McLorgan
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MessageSujet: Re: Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Icon_minitimeLun 4 Avr - 13:21

Spoiler:

Oui, c’était certainement le jour le plus humiliant de toute sa vie ; son esprit le torturait à coup de « tiens, je n’avais jamais remarqué à quel point Seth était charmant » et de « et la foule assise aux terrasses qui nous dévisage, quel honte ! ». Il ne pouvait pas vraiment dire laquelle des deux pensées était la pire ; celle qui soulignait un intérêt étrange pour la beauté de son collègue, ou l’idée qu’il venait de perdre toute crédibilité devant tout le monde ?! Le choix était difficile, et pourtant, se sachant capable de faire taire les rumeurs et les moqueries des autres, il se sentait beaucoup plus désarmé face au professeur de sortilèges et enchantements. Jamais de toute sa vie (sauf pour Emilie, son amoureuse de six ans) il n’avait éprouvé un sentiment come celui-ci ; ça n’avait absolument aucun sens. Il se prit à penser au professeur Joan Speeley, avec qui les élèves de l’école de Vladivostok avaient fait courir le bruit qu’il y aurait plus que baleine sous caillou entre les deux hommes. Et pourtant, jamais cette idée n’avait traversé l’esprit d’Ethan, beaucoup trop absorbé par son travail pour prêter attention aux gestes affectueux de son mentor. Non, jamais, jamais avant…
Seth semblait s’être beaucoup plus amusé que lui, il avait ri, très fort – sans doute était-ce cela qui avait attiré tous les regards vers eux – et des larmes de joies lui apparaissaient au bord de ses yeux… envoutant. ENVOUTANT ??? O__O mais pourquoi ses yeux auraient-ils un tel effet ?? Pourquoi, c’est… ce, non ! Tout simplement non ! Il se demanda si toutes ces interrogations ne s’étaient pas muées en une suite affreuse d’expressions faciales ridicules et tenta de contrôler ses pensées.

Et puis soudain, leurs yeux se posèrent sur son journal, étendu sur le sol, trempé, sans doute irrécupérable.

« Ah, mince, ton livre! »

La pensée qu’il venait sans doute de perdre des mois de travail, d’introspection, d’extériorisation de ses sentiments lui traversa l’esprit aussi rapidement que Seth s’était accroupi devant lui pour ramasser l’ouvrage. Nullement soucieux de la perte occasionnée – la situation ne lui permettant décidément pas d’être maître de lui et de prendre le temps de la réflexion – il se sentait davantage gêné de voir son collègue dans cette posture, pour lui. Tellement qu’il balbutia un à peine audible :

« Qu’est-ce qu… »

qu’il ne termina pas. Et puis, dans cette suite de drames, en arriva un autre. La délicatesse avec laquelle Seth porta ses mains à son journal, comme l’aurait fait une mère avec son enfant, comme s’il avait été question de la plus précieuse des choses au monde, cette douceur le bouleversa. Lui-même n’avait pas pris le temps de pester contre la ruine de tous les efforts qu’il avait produit, et cet homme qui se trouvait en face de lui, à genoux, sans avoir la moindre idée du contenu du cahier (il aurait très bien pu s’agir d’un quelconque registre après tout), ce sorcier lui apporta tout le soin qu’il aurait mérité aux yeux d’Ethan. Oui, c’était tellement bête de ressentir une telle chose, mais c’était tellement… touchant ; il n’en avait pas l’habitude.

« Pour tous les services que tu m'as déjà rendu! »

Ethan restait là, muet, impassible. Finalement, tout semblait s’enchaîner avec plus de lenteur et de précision. Il aurait été capable de saisir lui-même son journal, de le mettre sous son bras en se levant, et adressant un signe de tête à Seth, reprendre le chemin du château. Il en aurait été capable… avec n’importe qui d’autre. Mais au lieu de ça, il demeurait silencieux, à la limite de l’émerveillement. Comment cet être si… si délicat avait-il su à quel point l’objet était cher aux yeux d’Ethan ? Pourquoi était-il si gentil, aimable, soucieux de ce qu’il pouvait bien ressentir. Ça n’avait rien à voir avec ce qu’il côtoyait chaque jour, l’insouciance des élèves, sa propre manie à paraître odieux et arrogant, supérieur et despotique, tranchant et sans pitié. C’était peut-être trop de douceur, il sentit comme de la colère lui monter dans la gorge, et ses paupières commencèrent à cligner ; les larmes ne tarderaient pas à venir elles-aussi. Il lui fallait penser à autre chose…



Les services… C’était ça, les services, leur « rendez-vous » habituels. Telle était sans doute la vraie raison de sa présence et de sa gentillesse. Comment l’expliquer autrement ? Il ne prêta pas attention au sort que Seth sembla jeter au journal-épave pour tenter de récupérer son contenu. Il avait quelque chose en tête de bien plus important, de bien plus… triste au fond. Ce n’était que ça, il avait besoin de sa potion tue-loup qu’Ethan lui préparait régulièrement, sans ne jamais s‘être réellement posé de questions. Ni même en cet instant il n’en poserait; bien sûr il était curieux, bien plus qu’il n’aurait souhaité l’être et il devait admette que tout comme la douceur et la beauté de son collègue le perturbait, sa curiosité pour le professeur de sortilèges et enchantements n’avait d’autre raisons que son envie de s’immiscer dans sa vie, de le découvrir, de le connaître, de le chérir peut-être… LE CHERIR ???? Mais comment ? Quoi ? Que ? Impossible !! Pourquoi avait-il des pensées aussi… aussi… aussi belles dérangeantes ? D’où venaient-elles, et pourquoi envers ce sorcier tout particulièrement ?
Reprenant conscience, il détourna la tête pour fuir le regard du professeur Ezekiel ; il ne devait pas se douter de quoi que ce soit. Ce serait… humiliant. Et puisqu’au fond il n’était venu que pour réclamer sa potion, il n’y avait pas de raisons de ce mettre dans des états pareils et de transcrire ses moindres gestes comme porteurs d’un réel intérêt.

La voix du bel Adonis l’obligea à lui reporter son attention.

« J'espère que mon écriture ne te dérangera pas...Et puis, tu n'avais qu'à pas être si surprit. »

Leur visage n’était qu’à quelques centimètres l’un de l’autre maintenant, le sorcier aux cheveux bleus avait posé sa main sur son épaule qu’il serrait, comme pour lui éviter une seconde chute. Il y aurait sans doute eu chute en le voyant d’aussi près, il ne s’y était pas attendu. Il n’entendit pas la fin de la phrase, trop hypnotisé par l’apparence du sorcier ; sa voix, son odeur, son parfum, sa peau, ses yeux…

« Merci, non, quoi ? C’est pas grave »

S’était-il empressait de dire. Il fallait dire quelque chose, il fallait qu’il fasse taire ces pensées étranges. Il ne voulait pas s’abandonner aux bras d’une rêverie qui n’avait aucun droit sur lui, non, il ne pouvait laisser faire ça. Il n’avait même pas fait attention à ce qui venait d’être dit. Son journal dans la paume de sa main, il le referma, sans y jeter un regard. Plus tard, il se rendrait compte que l’écriture avait changé, que ce n’était plus la sienne, mais celle de Seth. Plus tard, dans son bureau, il recommencerait à penser à lui, et malgré lui, serait heureux de pouvoir contempler la calligraphie de celui qui serait l’objet de son obsession. Pour le moment, il sourît, gêné, ses joues devaient virer au rouge, il en était persuadé et il ne pouvait le cacher, toujours aussi proche de Seth qui lâcha finalement son emprise « ne t’en vas pas » et se mit à rire.

« Tu veux que je fasse quelque chose pour ta manche, ou tu préfères attendre qu'elle sèche au soleil? D'ailleurs, que dis-tu d'une ballade? »

Ethan porta son regard à sa manche, il en avait presque oublié qu’elle était trempée. Il n’avait plus rien senti d’autre que les battements de son cœur, l’incohérence de ce qui se tramait en lui, et la difficulté de le rapporter à la réalité. C’était ce dont il avait sans doute besoin, de concret, un bout de réel auquel s’accrocher alors qu’il se permettait beaucoup trop d’égarements et d’émotions. Un morceau de réalité.

« Tu n’es pas ici pour… »

Il vérifia que personne ne l’entendait et reprit :

« … pour notre rendez-vous régulier ? »

« rendez-vous », ça sonner tellement faux quand il ne s’agissait que de l’utiliser pour une raison qui lui était inconnue. Et puis quoi ?? Pourquoi aurait-il voulu que ce fut de vrais rendez-vous ? Ces pensées ne lui appartenaient plus, il se perdait dans sa propre réflexion. Cherchant continuellement à fuir cette nouvelle obsession, il s’en rapprochait encore plus dangereusement. Peut-être la fuite n’était pas la bonne solution.

« Très bien, je suis partant… pour la balade. »

Il fit un geste timide, se demandant s’il devait saisir la main tendue de son collègue. Fuir ou vivre ? Une balade n’engageait à rien après tout, et elle n’aurait aucun but caché puisque l’idée n’aurait pas même traversé l’esprit de Seth. Son geste se déroula lentement, tandis qu’il levait les yeux, fixant ceux de son amant, partenaire, ami, ainé qui lui, affichait toujours le même sourire amical, radieux, magnifique, déroutant. Sa main se posa dans celle de Seth, un frisson qu’il espérait imperceptible le parcourut dans tout son corps. Et toujours perdu dans ses yeux bleus, il sourît, amoureux.


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Seth Ezekiel
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MessageSujet: Re: Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Icon_minitimeMar 5 Avr - 7:42

[Je suis désolée pour la taille de ce poste T.T Mais...J'ai eu l'impression qu'il était plus long quand je l'écrivais...Je me rattrape sur le prochain, promis juré!]

    « Merci, non, quoi ? C’est pas grave »

    Il se contenta, comme d'habitude, de sourire simplement. Comment aurait-il pu s'exprimer autrement? Et qu'aurait-il pu exprimer d'autre, surtout. Son seul et unique moyen de communiquer consistait à relever le coin de ses lèvres et, de temps à autres, dévoiler sa dentition. C'était, selon lui, un signe de bonheur et de bien-être. Les gens, ces derniers temps, ne souriaient plus assez à son goût.
    Ethan, notamment, n'était pas un grand adepte du sourire franc et amical. C'est pourquoi, de façon assez sommaire et niaise, son ami tentait de lui expliquer, de lui apprendre. A force de répétition, peut-être qu'il retiendrait la leçon. Dans tous les cas, Seth ne baisserait pas les bras. Il tenait bien trop à cet individu étrange que pour le voir sombrer dans cette étrange facilité qu'est le désespoir et la froideur.

    D'un autre côté, il aurait bien pu rire, de nouveau. Mais les rougeurs de l'enseignant se faisaient plus vives et, par respect et amitié, Seth admit qu'il devait arrêter de se payer sa poire. C'était certes amusant, mais son but n'était pas de rendre l'autre encore plus gêné qu'il ne l'était d'accoutumée.

    « Tu n’es pas ici pour… »

    Pour?
    Seth eut une seconde pour s'imaginer milles choses. Il devina bien vite où voulait en venir l'autre et retint un soupire. Ethan devait avoir l'impression qu'ils ne se côtoyaient que pour ça. Et bien que d'une certaine façon, ce n'était pas entièrement faux, cela rendit Seth un peu triste. Son air d'imbécile heureux s'écailla.

    « … pour notre rendez-vous régulier ? »

    Rendez-vous. Ce mot lui paraissait toujours étrange. Un jour, il avait préparé le repas dans sa chambre pour Ethan et lui. Un soir où, justement, la potion devait lui être remise par les mains expertes du professeur.
    Pourtant, avant que l'autre n'arrive, il avait tout débarrassé d'un coup de baguette magique. Peut-être que l'autre ne désirait rien d'autre que d'avoir à lui donner son dû et retourner dans son cachot. Voilà où en étaient les penser de Seth. Après tout, être l'ami de quelqu'un ne signifie en rien que cette personne est votre ami en retour. La réciproque n'est jamais bonne que pour des mathématiques. Puis, il était fort probable qu'Ethan devine la raison de cette potion et ne craigne être en présence du professeur de sortilège.
    Pourquoi lui avait-il proposé une ballade, d'ailleurs?

    « Très bien, je suis partant… pour la balade. »

    Ce devait être ça oui, la peur. Qui fit trembler la main d'Ethan et tout le reste de son corps lorsqu'il créa le contact. Pourtant, il n'y avait aucune raison à cette peur. Il était, sans doute, le meilleur créateur de potion depuis des siècles. Avait-il si peu foi en son travail?
    Mais pour Seth, ce n'était pas la peur, non. Ce n'était qu'un banal frisson qu'il ressentit aussi. La main d'Ethan était chaude et, uniquement pour cela, il resserra sa poigne tout en soulevant son collègue. D'un coup d'oeil qui se voulait discret, il croisa son regard, son sourire, sa douceur. Il resta muet, sans plus sourire à présent.

    « Tu sais, je n'ai jamais très bien compris pourquoi tes élèves te craignaient. Tu es quelqu'un de plutôt charmant. »

    Cette déclaration faite lui procura un nouvel élan de bonté. D'un coup sec mais délicat, il attira son ami plus près de lui et, lâchant sa main, passa son bras par dessus ses épaules pour le serrer contre lui.
    Il fit ainsi plusieurs pas, les promenant autour de la place. Plus personne ne les regardait et, sans doute était-ce pour cela qu'il se permit un clin d'oeil vers son ami. Il ne laissa en aucun cas l'occasion à l'autre de décider du chemin qu'ils emprunteraient, à tel point qu'il le guida comme un aveugle le poussant comme un enfant pour le mener à gauche, ou à droite. Lorsqu'ils arrivèrent à l'entrée du village, après avoir traversés quelques rues et salués quelques élèves aux regards plus que surpris, il s'exclama.

    « Aujourd'hui, randonnée dans les champs! »

    Et face à la pancarte qui indiquait Malwen's Village, il fit transplanner son ami et lui-même, un ou deux kilomètres plus loin. Le décors se modifia du tout au tout. Il n'y avait plus de foule rieuse, mais de longues mélodies d'oiseaux qui volaient au-dessus de leur tête. Le flot de l'eau était remplacé par le bruissement des arbres et de l'herbe qui s'étendait sous leurs pieds. Quelque part plus loin, cependant, une rivière coulait, silencieuse et rafraichissante.
    Le vent, plus fort ici que là-bas, brossait l'herbe dans un sens puis dans l'autre, balayant leurs cheveux et collant à leur peau les vêtements légers. La chemise blanche de Seth laissait passer par transparence la teinte de sa peau. Le vent rougissait ses joues.

    « Je comptais t'offrir un coin de mon paradis, pour te remercier de ce que tu fais pour moi depuis mon arrivée, Ethan. »

    Le nom de l'autre sonna délicatement entre ses lèvres, et il se surprit à vouloir rire en étendant les bras pour présenter les lieux. Il se mit à reculer, fixant Ethan. Puis il laissa tomber ses bras le long de son corps et, bien qu'il eut envie de se laisser tomber sur le sol, le professeur pivota sur ses talons et s'approcha d'un arbre fruitier qui procurait une infime zone d'ombre sous ce soleil printanier.
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Ethan McLorgan
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MessageSujet: Re: Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Icon_minitimeJeu 7 Avr - 15:28

Rien ne laissait savoir si Seth avait ressenti le frisson qui avait parcouru le professeur de potions. Ce fut un soulagement, il aurait été incapable de l’expliquer. Ça ne pouvait même pas venir de sa manche encore trempée, il lui devait se concentrer pour ressentir que son bras était humide et froid. Non, ça venait d’un sentiment bien plus profond que ça, un peu comme cette soudaine révélation qui vous inonde de bonheur mêlé à la crainte. C’était un peu comme ça qu’il se sentait, là, sa main dans celle de son collègue : heureux et apeuré. Si encore il n’avait été que charmé par la grandeur de Seth, révélatrice d’une marque de respect, Ethan n’y aurait guère prêté attention. Mais en cet instant, les battements effrénés de son cœur avaient une toute autre nature que pour le moment il se refusait de comprendre… ou peut-être d’accepter seulement.
Dans un geste maîtrisé – car l’un d’entre eux devait avoir le contrôle de la situation, et c’était Seth – il releva son collègue et se trouvèrent tous deux debout, à la même hauteur (bien qu’Ethan soupçonna le sorcier d’être un peu plus grand que lui). Leurs yeux se croisèrent, encore, le sourire de Seth disparut.

« Tu sais, je n'ai jamais très bien compris pourquoi tes élèves te craignaient. Tu es quelqu'un de plutôt charmant. »

Si les dieux avaient eu un enfant, il aurait eu la grâce, la beauté et la douceur de Seth. Son visage-même semblait exprimer bien plus que ce qui se laissait paraître. Son sourire effacé, il n’en demeurait que plus beau. Oui, beau. Peut-être Ethan n’avait pas à se le cacher ; il trouvait son confrère séduisant, aussi difficile qu’il était de l’admettre. Pour autant il ne pouvait pas se mentir plus longtemps. Reconnaître la beauté d’un autre n’avait peut-être rien d’anormal ; il s’agissait sans doute d’une banale observation.

Et pourtant, l’entendre le complimenter lui ravît le cœur. « charmant », c’était bien la première fois que quelqu’un disait de lui qu’il était ainsi, ou alors, l’adjectif effrayant l’accompagnait, pour faire la distinction. Ainsi, s’il avait déjà été charmant, il était resté au même moment l’être infâme qui n’aurait dû mériter d’aucun charme. Venant de Seth, l’expression avait un tout autre caractère, et ses mots s’accompagnant toujours d’un geste, Ethan se retrouva bientôt bien plus près du professeur de sortilèges et enchantement qu’il ne s’y était attendu. Ils marchaient à présent, le sorcier aux cheveux bleus le bras autour du cou de son collègue. Il guidait la marche de manière aléatoire, ne semblant pas savoir où il souhaitait aller. Ethan, lui, vivait le même drame intérieur depuis bientôt vingt minutes, ses émotions ayant décidé de se liguer contre sa raison ; de prendre le pas sur toute logique. Dans cette position, il aurait pu dire qu’il… non, il se refusa de le penser, ne serait-ce qu’une seconde.

Au sortir du village, les regards étonnés des élèves agacèrent Ethan. S’il avait pu, il aurait trouvé une réplique suffisamment sèche et tranchante pour les faire déguerpir ; s’il avait pu… mais avec Seth, il ne put pas, il ne pourrait jamais, pensa-t-il, faire preuve de méchanceté et de sévérité en sa présence. Et quoi alors si, déçu, il s’en allait et le laissait là, le cœur brisé, seu…


« le cœur… brisé ? » ses pensées résonnèrent dans sa tête, il porta sa main à l’endroit où Seth, s’il y pensait, pourrait s’apercevoir qu’il venait d’enlever à un homme son indépendance et même jusqu’à sa vie. Et d’un seul geste de recul, il pourrait de la même façon le changer en puits empli de regrets et de solitude.

« Aujourd'hui, randonnée dans les champs! »

« Dans les ch… »

En une seconde le paysage avait changé.

« …amps. »

Il les avait fait transplaner, tous deux, au milieu de ce qui semblait être une prairie. Ethan n’avait pas eu le temps d’acquiescer ou de protester, Seth avait tout décidé pour lui ; un peu comme aurait pu le faire… un couple ? Le professeur secoua la tête comme pour se libérer de cette idée.

« Je comptais t'offrir un coin de mon paradis, pour te remercier de ce que tu fais pour moi depuis mon arrivée, Ethan. »

« …paradis… ? »

Il était bouche-bée, il ne savait quoi dire. Bien sûr, un milliard d’idées lui traversèrent l’esprit. Il aurait pu lui dire que le paradis n’existait pas, et que si jamais il avait dû y croire, il n’aurait pu être autrement qu’à ses côtés. Son paradis à lui, même s’il était plein de questions, de doutes et de craintes, avait commencé il y avait bientôt de ça trente minutes ; lorsque surgissant de nul part il l’avait effrayé et précipité en partie dans la fontaine. Son paradis, aussi nouveau et fragile qu’il était, s’était agrandi lorsqu’Ethan avait plongé son regard dans celui de Seth. Lorsqu’innocemment il avait traité avec le plus grand respect son travail, sans même se douter que quelque part dans les lignes de son journal, il avait fait mention d’un coin de paradis où le vent soufflait sur le blé comme sur les vagues d’un océan de pierres dorées, que non loin de là se trouvait un arbre dont l’ombre rafraichissante attirait les amoureux pour des idylles sans fins et que Jasper et Florence, tous deux amoureux l’un de l’autre, s’assirent, et dans cet endroit de rêve, échangèrent leur premier véritable baiser. Tout de cet endroit semblait s’être échappé de l’imagination d’Ethan, de son journal.

Il aurait pu lui dire à quel point il aurait aimé avoir les yeux éblouis de Florence, son pincement au cœur devant tant de beautés que la nature lui offrait gratuitement, ses frissons de plaisirs, ses larmes qui surgirent, poussées par le bonheur d’être précisément là où elle avait envie d’être.

Il aurait pu lui supplier d’être Jasper se rapprochant de sa bien-aimée, affichant son plus beau sourire significateur de sa joie de montrer à Florence, son coin de paradis ; et l’entrainant par la main à l’ombre d’un arbre, ils se seraient assis, et lentement, son visage aurait perdu de sa naïveté d’enfant pour devenir celui d’un jeune amant. Le temps aurait semblé s’être figé, plus rien n’aurait eu d’importance que ce qui allait se passer ; dans quelques secondes, il passerait sa main dans les cheveux de sa dulcinée, et lui murmurant un « je t’aime » dont le vent se chargerait de faire l’éternel écho, il l’aurait embrassée, là, à l’ombre d’un arbre, dans un coin de paradis.

Oui, il était clair à présent, qu’ayant souvent rêvé d’être un Jasper, il se trouvait être Florence, contre toute attente ; à ce moment précis, et peut-être pour l’unique fois de sa vie, il était…

« …je t’aime. »

Il avait baissait la tête tout en murmurant ces mots qu’il souhaitait que le vent emporte sans ne jamais les étouffer. Le visage caché par ses cheveux ébouriffés et virevoltants, il dissimula une larme qui doucement coula le long de son visage. Il le savait, il n’avait pu être entendu, c’était sans doute le seul aveu qu’il ferait en sa présence, et luttant contre lui-même, il souhaitait qu’il resta silencieux. Il serrât le poing gauche, maudissant de pouvoir ressentir un tel sentiment si fort… pour un garçon. Peut-être que s’il avait s’agit d’une jeune fille, il se serait laissé aller à la courtiser. Mais non seulement il se prenait à aimer pour la première fois, l’objet de son amour devait cependant porter la marque d’une malédiction. Ça ne pourrait arriver ; et d’autant plus que l’on ne vivait guère longtemps en sacrifiant son cœur à qui ne le voulait pas.

Il releva la tête, une fois sa peine séchée par le vent, silencieux témoin de ce qu’il se prêtait à faire, à contre cœur et reprenant un air grave et sévère :

« Tu as le don Seth de t’émerveiller de broutilles. Si tu es d’accord, je préfèrerais partir. Si c’est ta potion que tu veux, elle sera prête dès ce soir. Pardonne-moi, ne m’écoute pas, embrasse-moi et rassure-moi. Dis-moi que nos lendemains sont possibles, dis-moi que mes rêveries ne sont pas vaines, dis-moi… dis-moi seulement que tu m’aimes... Et si c’est un mensonge, alors mens. Mens-moi pour me sauver de l’enfer que sera ma vie maintenant qu’il est certain que tu ne m’aimeras pas. Mens parce que je t’y oblige, mens parce que je t’aime et que j’ai besoin de toi. Mens, ou laisse-moi à ma folie et j’en mourrais sans doute de chagrin

Les idées confuses, tiraillé, il lui tourna le dos ; il ne pourrait supporter de voir le beau visage d’un ange ravagé par sa démence et par sa cruauté. Être un sorcier sans pitié ne lui fit jamais autant de mal qu’à ce moment précis. Il baissa la tête, et, muet, les larmes coulèrent à flot sur son visage.


Dernière édition par Ethan McLorgan le Mer 18 Mai - 5:09, édité 2 fois
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Seth Ezekiel
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MessageSujet: Re: Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Icon_minitimeLun 11 Avr - 11:03

    « Tu as le don Seth de t’émerveiller de broutilles. Si tu es d’accord, je préfèrerais partir. Si c’est ta potion que tu veux, elle sera prête dès ce soir. »

    Mon Dieu, qu'il était con.

    Il venait seulement de parvenir à prendre une pomme rouge dans l'arbre, et s'apprêtait à la tendre à son collègue. Puis dans son geste enfantin, il s'était simplement arrêté, laissant rouler à terre le fruit défendu. Dévalant la légère pente qui menait aux pieds d'Ethan, le fruit ricocha sur une pierre qui lui arracha un bout de sa peau si rouge et soyeuse, s'imprégnant d'herbe et de terre avant de s'arrête face à l'étranger.
    Pourtant, Seth lui avait imaginé un tout autre destin, croquée par les dents blanches du professeur de potion, coulant le long de son menton et humidifiant ses lèvres rieuses. La pomme qu'il tenait dans son autre main, légèrement brunie, le nargua splendidement. Tant d'efforts réduits à néant.
    La si belle pomme se mourrait au pied d'un arbre dont Seth ne connaissait pas le nom. Il lui sembla un instant qu'Ethan ne pouvait être qu'un Saul Pleureur.

    « Il parait que je suis un peu trop simplet, en effet. »

    Pourquoi pensait-il que cet homme aimerait passer du temps en sa compagnie? Comme un enfant abruti, il s'était imaginé qu'il était sans doute possible de se lier d'amitié avec n'importe quel être humain, tant que le désire était présent. Mais il avait oublié la supercherie du monde et la froideur que pouvait renfermer chaque individu. Lui-même, en tant que Loup-Garou, gardait assez de mensonge que pour se répugner.
    Ezekiel n'en savait rien, de ces rêves farfelus de Jasper et Florence. Pas une seconde il ne s'était douté de la pensée obscur et si lumineuse qui parcourait à cet instant l'être glacial qui stagnait face à lui. Une montagne insurmontable, terrifiante, qui fit s'écrouler en quelques secondes tout le courage de Seth. Sa splendeur, sa nature si bonne et douce. Il ne devint qu'un homme identique à tous les autres, enfermé dans une inutilité accablante. Il n'était rien ni personne pour quelqu'un comme Ethan. Et le retour à la réalité valait toutes les gamelles, tous les râteaux. Chaque petite douleur s'intensifia face à ce dos tourné, cette porte close, ce mur que le professeur venait de se prendre à plus de 800km/h.

    Un tsunami. Il venait de se faire dévorer tout entier par un tsunami qui le noyait dans un sentiment qu'il ne connaissait pas et qu'il craignait plus que tout : l'indifférence face à l'humanité.

    « Je n'étais pas là pour ma potion, cette fois-ci. Mais il est vrai que la raison de ce rendez-vous en était assez proche. »

    D'ailleurs, pourquoi était-il venu? Pourquoi avoir quitté l'école, avoir dérangé son collègue, avoir quitté le village? Il ne se souvient plus tellement. Sa joie de passer un instant agréable avec un ami avait, semble-t-il, effacé tout le reste d'un coup de balais volant. Ou bien était-ce simplement cette phrase, ce soupçon de vérité mal placée qui venait de paralyser les sens et la mémoire de Seth?
    Ce dernier lança sa pomme en l'air. Elle était un peu molle, trop verte à son goût, un peu passée. Pourtant elle lui avait plu, sans doute même serait-elle plus sucrée que la si fantastique pomme écorchée aux pieds du pic de glace.
    Il avait cette tendance à préférer les choses dont la nature première paraissait viciée. N'est-ce pas de sa race que l'on se méfie le plus? Sous cette peau colorée se trouvait une nourriture délicate, un met savoureux, un jus délicieusement rafraichissant. Sous la peau d'Ethan, Seth ne saurait pas ce qu'il pouvait s'y trouver. La tentative avortée et douloureuse le laissait pantois, muet, sans sourire.

    « En réalité, je pensais même ne pas du tout aborder le sujet et uniquement passer un moment agréa...Enfin, voilà ce dont je voulais te parler. »

    Il se pencha alors quelque peu, fouillant ses poches à la recherche d'un objet cylindrique. Lorsqu'il posa la main dessus, Seth continua à le cacher aux yeux de l'autre professeur. Pour une seconde ou deux, il se dit qu'afficher un sourire serait comme...La dernière chance. Alors il fit quelques grands pas, traversant les landes qui séparaient les deux êtres.
    Il n'y avait que de l'herbe entre eux, et pourtant, Seth eut l'impression de traverser un désert et d'atteindre l'illusion d'un oasis. Ce fut désastreux, bouleversant. Le vent le fouettait comme Ethan se moquait de lui.
    D'un sourire mitigé, il prit la main de l'autre homme, sachant pertinemment qu'il faisait une erreur. La preuve de son impolitesse résida dans le fait que, suite à ce contact, il les fit à nouveau transplanner, serrant autant la poigne de son confrère que l'objet au creux de sa paume.

    Les bruits, les cris, tout le reste. Les preuves accablantes du passage du paradis à l'enfer. Au yeux de Seth, cette journée n'avait plus rien de positive. Et pourtant, il garda ce sourire niais, debout face à l'entrée du village qui le conduirait après quelques minutes de marche à Swelty.
    Étrangement, il songea à cet élève qui, plutôt était revenu trempé et en colère. Son sourire s'effaça pour la seconde ou troisième fois, s'accentuant à nouveau avant de s'éteindre pour de bon. Il n'avait plus envie d'être heureux, au moins pour les dix prochaines secondes, et peut-être aussi parce qu'il n'y arriverait pas.
    Lorsqu'enfin il posa l'objet non-identifié dans la main d'Ethan, il comprit que ce serait le lien physique qu'il se permettrait avec l'autre. Sous des dehors timides et quelque peu maladroit, Ethan n'était pas bon. Il était mesquin, et la blessure que Seth ressentit le brûla encore. Le contact était douloureux, ça main lui ordonnant de se retirer, de se libérer de cette noirceur qui le rongeait. Son talisman brillait.

    « Je t'en avais acheté, pour me faire pardonner de te vider ton stock pour la réalisation de ces potions. Au fond, il n'était peut-être pas utile de s'éloigner du village que pour te le donner. »

    Entre ses deux mains, celle d'Ethan. Il relâcha enfin sa prise, laissant tomber ses bras le long de son corps en observant du coin des yeux le cylindre offert à l'autre. Donné, non pas offert. Il avait varié le mot avec un subtile changement de ton dans la voix. Il comptait pourtant réellement l'offrir, comme un bout de son amitié, comme tout ces foutus sourires qu'il ne parvenait pas à retirer bien longtemps de son visage niais.
    Pourtant il ne souriait pas. Ethan devait avoir déchiré quelque chose en lui.

    « L'école paye tes achats, je le sais. Mais je pensais que des truffes de meilleurs qualités pourraient te servir dans tes recherches. Ou pour tes cours. Ou pas. »

    Il toussota, sourit en regardant à nouveau l'autre avant de se rappeler que ça ne servirait absolument à rien. Que ce qu'il était en train de faire n'était qu'un acte de camaraderie, comme il le ferait envers n'importe quel instituteur ou membre du personnel de Swelty. Quoique non, et il le savait pertinemment. Même s'il est quelqu'un de particulièrement généreux, il n'aurait jamais dans l'idée d'offrir quoique ce soit d'aussi cher à qui que ce soit d'autre qu'une personne importante à ses yeux. Deux mois d'économies de salaire, deux mois de crève-la-faim et de pique assiette. Mais personne ne sait qu'un Loup-Garou est pauvre, qu'il se ruine pour se faire oublier, en potions, en truffes, en amitiés, en sourires.

    « Je vais donc te laisser vaquer à tes occupations de la journées. Je te prie de m'excuser pour le dérangement. Après tout, ce n'était absolument pas urgent. Mon Paradis m'attend à nouveau.»

    Il s'éloigna, aussi vite qu'il le put. C'était peut-être la réaction d'un gamin puérile, et pourtant. La colère. Voilà pourquoi il avait cessé de sourire et pourquoi il s'était tant cantonné à rester calme. La colère. Elle le rongeait. Il détestait cela, mais de par sa nature viciée, il ne pouvait qu'en ressentir une grande dose, une énorme dose, une overdose. Il avait hésité entre lancer la pomme et la laisser tomber, entre crier et cesser de paraître niais. Pour la première fois, il s'était contrôlé. Et à présent qu'il reprenait le chemin de l'école, tout en sachant pertinemment qu'il retournerait détruire l'arbre, la pomme et le reste d'ici quelques minutes.
    Ethan, ce fichu chien galeux. Il ne lui demanderait plus de potions, plus d'aide, plus rien. Il le mordrait, il le déchirerait et...

    Et il s'assit sur un des murets qui séparait le chemin de terre de l'herbe sauvage. A quelques centimètres du sol, recroquevillé sur lui-même, il serra sa tête de toutes ses forces, canalisant cette colère naissante qui faisait ressortir son instinct animal.
    Où était cette misérable pomme, qui se rappelait à lui, misérable être...
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Ethan McLorgan
Ethan McLorgan
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Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Vide
MessageSujet: Re: Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Icon_minitimeMar 12 Avr - 1:42

Ethan pleurait. C’était tellement difficile de rompre le charme, la beauté de l’instant ; mais il était loin de s’imaginer à quel point la suite serait plus dure encore.

« Il parait que je suis un peu trop simplet, en effet. »

Les mots raisonnèrent dans sa tête, comme un coup qu’on lui aurait donné, ou alors comme une décharge dans son cerveau. Qu’avait-il dit ? Qu’avait-il fait ? Déjà il regrettait sa décision, il détestait tout ce qu’il était, ce qu’il disait. Il avait réussi à cracher son poison, égoïste qu’il était. Un bruit sourd derrière lui comme il tournait toujours le dos à son collègue… collègue, sans doute était-ce là tout ce qui caractériserait leur relation à présent. Et puis… qu’en espérait-il en même temps ? Pourquoi aurait-il voulu plus ? À quoi bon ? Quelque chose qui roula sur le sol, jusqu’à ses pieds. Il tourna la tête légèrement. Une pomme. Écorchée. Le fruit rouge aurait sans doute était délicieux ; le croquer à pleines dents lui aurait tellement plu… avant. Mais il ne pouvait reculer maintenant, c’était trop tard. À la vue du fruit à ses pieds, mourant, il sut qu’il avait bien plus que réussi à se cacher de Seth, il avait par la même occasion rompu les projets enfantins, mais doux et plaisants de l’autre professeur. Il ne pourrait le regarder en face, plus jamais, il avait trop honte.

« Je n'étais pas là pour ma potion, cette fois-ci. Mais il est vrai que la raison de ce rendez-vous en était assez proche. »

Nouveau choc. Plus douloureux encore. Sa tête semblait être sur le point d’exploser, son cœur, lui, imploserait sans doute dans les secondes à venir. Il avait tout faux, depuis le début. Il n’écoutait plus à présent ces idées étranges et perturbantes qu’il avait eues à l’instant et qui l’avaient poussé à reprendre son masque de marbre. Froid. Dur. Il avait réussi à montrer cette image de lui, celle qu’il aurait tant préféré cacher, d’autant plus que l’homme qui se trouvait derrière lui avait fait tellement d’efforts pour ne pas s’en soucier et tenter de le découvrir, vraiment. Un monstre. Il se sentit odieux. Jamais auparavant sa cruauté ne l’avait autant affecté que maintenant. Seth. Il ne contemplerait plus à présent que sa triste et morne beauté. Au lieu de ça, Ethan aurait préféré s’arracher les yeux. Le cœur. Il n’était pas venu au village pour un service ; pas plus qu’il n’avait été forcé de lui montrer son coin de paradis dont la peinture maintenant semblait délavée, sous la pluie, ruinée en un paysage miséreux, fatigué et mort. Il ne savait ce que l’autre faisait, et ne pouvait que se faire une idée de la peine qu’il ressentait, de cette immense déception. Ethan, finalement, était comme tous ces autres : laid. Il ne répondit rien, et ne pleurait plus qu’un peu. Le vent venant fouetter son visage, moins doux, moins écho des mots qu’il avait lancé mais plutôt porteur d’un tout autre message.

« En réalité, je pensais même ne pas du tout aborder le sujet et uniquement passer un moment agréa...Enfin, voilà ce dont je voulais te parler. »

Choc. Honte. Monstre. Si seulement il avait pu retourner en arrière, si seulement il avait su se contrôler, lui. Il aurait pu faire semblant de ne pas être troublé. Mais… ces rêves qui s’étaient avancés devant lui ; ces fantasmes qu’il se savait incapable de saisir malgré leur proximité et leurs bras qui s’étaient ouverts à lui ; tout ça avait été beaucoup trop douloureux. Pour lui. Mais Seth… Seth, lui, serait cette innocente victime qui paierait pour sa propre survie. Oui, il avait honte, il se détestait. Des pas, derrière lui. Il venait, brisé. Ethan ne le regardait toujours pas, il ne pouvait, non, c’était impossible, plus maintenant. Mais lorsque soudainement il sentit la main de l’autre prendre la sienne, il se retourna. Au même instant, le paradis autour d’eux se mua en une multitude de couleurs et d’images floues. Et puis des bruits, des cris et tout le reste. Ils étaient revenus au village. Personne ne se douterait de ce qu’il se passait entre les deux hommes ; de ce chaos qui venait de naître dans le cœur d’un demi-dieu. Ils étaient à présent l’un face à l’autre. Ethan avait du mal à soutenir son regard. Il avait perdu tout de sa clarté, de sa bonne humeur. Jamais plus le soleil ne brillerait sur ce visage pour lui donner chaleur et bien être. Tout ça. Sa faute. Il aurait pu éclater en sanglots, mais il avait sans doute déjà beaucoup trop pensé à lui aujourd’hui. Son égocentrisme, son égoïsme devait trouver une fin, et ça ne pouvait être que maintenant que Seth ne voudrait plus jamais le revoir. Il ne dît toujours rien. Les mots lui échappaient, et il ne saurait trouver quoi dire pour excuser son geste, sa trahison. Il avait meurtri le sorcier qui, depuis bien longtemps, si ce n’est pour la première fois, l’avait rendu, vivant. Que pourrait-il dire ? Nul pardon pour des êtres tels que lui. Il ne pouvait qu’attendre, attendre que Seth s’en fût. Et après, il regretterait. Bien trop tard.

Sa main, dans la sienne. Ce contact qui lui avait réchauffé le cœur quelques minutes auparavant, maintenant était le sujet de maux cette fois-ci douloureux. Sa main, il aurait aimé la gardé contre lui. Ce contact qui serait sans doute le dernier qu’ils partageraient lui rappela un instant ce pourquoi il était redevenu glace, absent, noir. Son cœur se remit à battre à nouveau. Sa main, pourvu qu’il ne la retire jamais, jamais plus. Une fois encore tout était confus en lui. Il ne pouvait s’empêcher de se sentir si ignoble envers son collègue, et en même temps, la lutte pour définir s’il devait ou non céder à ces sentiments nouveaux ne trouvait pas de fin.

C’était si dur d’affronter le visage déformé par la souffrance morale du professeur. Son sourire, léger, disparaissait, encore, petit à petit ; comme si la lumière qui berçait habituellement cet être majestueux avait soudain disparu pour ne laisser là qu’une pâle copie de l’homme qu’il… qu’il… aimait. L’étranger qui se tenait devant lui, il ne le connaissait pas. Pas plus qu’il ne connaissait ce sorcier qui, en lui, rêvait d’un nouvel amour contre nature. Sa main… il ne tarda pas à y sentir un objet.

« Je t'en avais acheté, pour me faire pardonner de te vider ton stock pour la réalisation de ces potions. Au fond, il n'était peut-être pas utile de s'éloigner du village que pour te le donner. »

Seth lâcha finalement sa main. Ethan baissa les yeux pour contempler le bien qui lui avait été offert. Des truffes. Et pas n’importe lesquelles. Il ne le savait que trop bien, celles-ci était plus rares, plus chères donc.

« L'école paye tes achats, je le sais. Mais je pensais que des truffes de meilleures qualités pourraient te servir dans tes recherches. Ou pour tes cours. Ou pas. »

Il releva les yeux qui commencèrent à le brûler. D’un instant à l’autre, il allait perdre le contrôle. Il aurait pu lui dire qu’il était désolé, mais rien ne lui venait. Il demeurait là, silencieux, écoutant et contemplant l’autre se briser un peu plus à chaque mot, à chaque sourire perdu. Il aurait pu au moins le remercier ; mais c’était, si… dur. Pourquoi ne s’était-il pas tût, pour une fois. Il s’en voulait tellement de faire autant de mal à ce sorcier, cet homme, pour qui son cœur battait sans raisons. Il voulait tellement le lui dire ; lui avouer. Mais aurait-il seulement compris ? N’était-ce pas un instinct naturel de se protéger dans de telles circonstances ? Se défendre contre les douleurs à venir, l’humiliation de se faire rejeter, de n’être que seul à aimer. Des truffes. Elles avaient dû être tellement chères. Comment Seth avait-il pu s’offrir un tel luxe… lui offrir un tel cadeau. Et tout ça, en échange du service qu’il rendait à… à qui… pourquoi Seth aurait-il à le remercier de faire une potion s’il n’était pas directement impliqué. Et comment pourrait-il être impliqué sans… sans se servir lui-même de la potion ? Ou bien peut-être connaissait-il quelqu’un qui en aurait eu besoin. Quelqu’un de suffisamment important pour lui. Ces nouvelles questions qui s’imposaient à lui, et qu’il avait toujours refusé de se poser le laissèrent là, davantage incapable de réagir face à ce que le professeur de Sortilèges et Enchantements lui disait.

« Je vais donc te laisser vaquer à tes occupations de la journées. Je te prie de m'excuser pour le dérangement. Après tout, ce n'était absolument pas urgent. Mon Paradis m'attend à nouveau.»

Et il s’en fût, ravagé par la peine. Ethan ne fit rien pour le retenir. Il l’aurait voulu mais cela paraissait être un si grand effort. Mais Seth… n’en valait-il pas cette lutte contre lui-même ? Ne méritait-il pas que le professeur de potions se remette en cause et tente de sauver leur relation ? Il restât là, sans bouger. Baissant à nouveau les yeux sur les truffes. Seth. Il commença à sentir la colère apparaître. S’il devait haïr quelqu’un, ça ne pouvait être que lui-même.

« Seth… »

Prononcer son nom ainsi à voix haute ; un bonheur qui ravivait son cœur avant de l’éteindre, un déchirement. Il avait tout gâché. Il avait envie de tout détruire sur son passage, tout, ne rien laisser. Comment avait-il pu être aussi, aussi, lui-même, avec Seth ? Pourquoi ? Pour s’empêcher de reconnaître des sentiments qu’il ne pouvait même pas prédire comme éternels, ou même réels ? Il avait tellement honte. La colère montait, encore, plus forte. Tandis qu’une de ses mains rangeait les truffes dans sa poche, l’autre se crispait sur sa baguette. De petites étincelles rouges en jaillissaient. Autour, certains regards curieux observaient le spectacle. Des larmes commencèrent à couler sur son visage.

« QU’EST-CE QUE VOUS AVEZ ??!!!!! » leur cria-t-il.

Il fallait qu’il fasse quelque chose, mais quoi… sans réfléchir il se mit à marcher, dans la direction qu’avait prise Seth. Et au bout d’un moment, le trouva là, accroupi contre un muret, la tête dans ses mains. Ethan resta là, à observer son œuvre. Regrets.

« Seth. Pardonne-moi. »

Les mots semblaient difficiles à prononcer, il n’avait jamais vraiment parlé de cette manière à qui que ce soit. Son esprit ne réfléchissait plus, laissant la relève à son coeur :

« Je… je n’ai aucune excuse. Tu vois… je… je ne sais pas comment être avec les autres. Je… c’est dur de… ton paradis, c’est quelque chose dont…j’ai des rêves dans la tête et, je ne pensais pas qu’un jour, une partie… deviendrait, vrai. Et toi… moi… je n’sais plus. C’est la pagaille dans ma tête. »

Les mots venaient d’eux-mêmes sans qu’il ne pût rien contrôler. Quitte à s’abandonner totalement à ses sentiments, autant que cela serve à quelque chose; au moins à redonner son sourire au beau professeur.

« Seth… »

Il s’accroupit en face de son collègue, posa sa tête contre la sienne.

« … pardon, pour tout. Si je pouvais faire quelque chose pour réparer… Tu… n’es pas bête, non. C’est moi. Et je suis laid, quand tu es… beau… et sublime. »

Il releva un peu sa tête, et saisissant le visage de son ancien ami pour se plonger à nouveau dans son regard, laissa les mots venir sans plus aucune opposition tandis que les larmes coulaient encore :

« … je… je tiens à toi. » Ses yeux, magnifiques. « Pardonne-moi, c’était… un moyen de défense. J’ai peur de mes sentiments, j’ai peur des gens. » Son visage, angélique. « C’est… c’est pour ça que je suis comme ça, odieux. » ses lèvres, fines, délicates « Seth… »

Il se rapprocha un peu plus près, ses yeux perdus dans ceux de sa victime. Ils n’étaient plus qu’à quelque centimètres l’un de l’autre.


Dernière édition par Ethan McLorgan le Mer 18 Mai - 5:12, édité 1 fois
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Seth Ezekiel
Seth Ezekiel
Prof. Sortilèges et EnchantementsProf. Sortilèges et Enchantements
Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Vide
MessageSujet: Re: Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Icon_minitimeMar 12 Avr - 5:45

    Do you know what stars are?
    Balls of fire, burning up the black space
    Falling from the landscape
    Exploding in the face of God
    Down - Something Corporate


    « Seth… »

    Il devait faire le vide. Ne plus voir que du noir et tenter, quoiqu'il advienne, de le transformer en une lumière saine. Du calme et de la sérénité.
    Mais cette voix se rappelait à lui comme un murmure suave qui, sans délicatesse aucune faisait ressortir sa rage, bouillonner son sang. Il aurait donné tout ce qu'il avait à cet instant pour ne plus entendre aucun son. Pas même la caresse du vent dans les cheveux verts de la terre. Ni même celle du souffle sporadique qui balayait ses mèches sombres de désespoir. Qui était-il pour se croire si important aux yeux des autres.

    Il poussa un long soupire, passant délicatement ses paumes par-dessus ses paupières. Cela ne lui rendrait pas le sourire, mais ça avait au moins le mérite de le calmer. En ouvrant à nouveau les yeux, il laissa sa tête tomber en avant, fixant tristement ses genoux, ses chaussures. Il n'avait aucune raison d'être si irrité par la réaction d'Ethan.
    Après tout oui, il le savait. Ce professeur été reconnu dans le monde des sorciers. Il n'avait rien à faire avec un vulgaire être aussi pitoyable qu'il l'était.
    Alors pourquoi ce refus de toute relation l'avait-il blessé comme un coup qui lui aurait été directement porté au coeur? Sans doute était-ce le simple fait de rouvrir une vieille cicatrice. Ou peut-être n'était-ce rien d'autre que de l'égo, mais Seth comme tout autre personne qui l'aurait un tant soi peu connu aurait su. Ce n'est pas ça. C'est juste de la tristesse.
    Comme un gosse que l'on laisse assit sur le banc pendant que tous les autres jouent. Et qui regarde le ciel, en espérant que.

    Seth leva la tête. Ce souvenir avait la mauvaise habitude de se calquer sur le jour présent. Qui oublie son passé est condamné à le revivre. Pourtant, il était loin d'avoir oublié. La moue défaite qu'il afficha à cet instant lui laissa un vide dans le coeur. L'humeur n'y était plus.
    C'est ce genre de journée où l'on aurait mieux fait de rester au lit.
    Mais le soleil. C'est le soleil qui l'avait tiré de ses draps avec entrain, et c'est celui-là même qui le forçait à clore ses yeux pour mieux sentir la chaleur réchauffer ses traits et corps glacial. Parce que le froid se répand plus vite que le chaud, et qu'Ethan l'avait sans nul doute gelé de l'intérieur. Jusqu'aux os, jusqu'à la moelle.
    Ses mains se reposèrent sur ses tempes. Il songeait à se lever, à s'en aller, mais le courage n'y était plus. Peut-être passerait-il sa journée là, à attendre que le temps passe et que demain se lève. Ou bien retrouverait-il le sourire par un heureux hasard.

    « Seth. Pardonne-moi. »

    Il crissa des dents. Soit son imagination trop évasive lui balançait à la gueule des rêves inaccessible. Soit la réalité du monde le rattrapait à nouveau, et une douce moquerie s'annonçait à lui. La bêtise ne le gagna pas encore. Il n'ouvrit pas les yeux. La douleur de la colère, trop fraiche encore, se raviva. Il ne fallait pas non. Il ne valait mieux pas abuser de sa gentillesse.
    Il ne faut jamais réveiller le loup qui dort.

    « Je… je n’ai aucune excuse. Tu vois… je… je ne sais pas comment être avec les autres. Je… c’est dur de… ton paradis, c’est quelque chose dont…j’ai des rêves dans la tête et, je ne pensais pas qu’un jour, une partie… deviendrait, vrai. Et toi… moi… je n’sais plus. C’est la pagaille dans ma tête. »

    C'était de la mauvaise fois, sans conteste. Les mains du professeur glissèrent de ses tempes ses oreilles. Pourtant, il désirait écouter. Il voulait savoir jusqu'où la supercherie irait, combien de temps encore l'autre homme le prendrait pour un idiot.
    Il ne ressentait rien. Plus rien de cette étrange chaleur qui face à lui, tentait de le surpasser, le dévorer sans retenue. Il ne parvenait absolument pas à rencontrer cette voix du coeur qui lui adressait milles excuses inutiles. Une seule aurait suffit à l'atteindre, si le froid s'était retiré de lui comme il aurait dû. Mais il grinçait toujours des dents. Seth gardait ses yeux fermés pour ne pas qu'on y lise cette colère sourde. Se contrôler. Respiration saccadée. Il...Devait...Rester calme.
    Il sourit.

    « Seth… »

    D'un sourire sauvage, agressif. Un sourire digne d'Ethan.

    « … pardon, pour tout. Si je pouvais faire quelque chose pour réparer… Tu… n’es pas bête, non. C’est moi. Et je suis laid, quand tu es… beau… et sublime. »

    Puis il n'y eut plus ni sourire, ni rage.
    Juste un nuage d'incompréhension qui le gagna comme un navire regagne la terre après des mois d'errance. La chaleur venait de le faire fondre tout entier, tout autant la glace que la rage, son être, ses traits durs. Même ses mains, qui glissèrent pour retomber sur ses genoux, lamentablement inexpressive et lourdes. Comme le poids sur ses épaules, comme la détonation dans son estomac, comme un tout.
    L'univers se recréait dans le ventre de Seth, un BigBang qu'il ne réussit absolument pas à canaliser, ni moins encore à analyser.

    Qu'avait dit Ethan? Il était laid. Laid, horriblement laid. Oh, Seth l'aurait répété, le lui aurait craché à la figure quelques secondes avant, s'il en avait été capable. Mais il l'avait dit, et Seth ne changeait pas d'avis comme de chemises. Il avait dit charmant, énoncé avec vérité et sincérité. Certes il n'était pas doué pour comprendre l'humain, mais il savait le reconnaître, et c'était peut-être sa seule vertu. Ethan était quelqu'un. Peut-être avait-il simplement un peu de mal à le montrer.
    Dans tous les cas, il n'y avait plus rien à dire. Seul ce geste comptait, cet unique geste que le professeur de potion avait esquissé et que, pour une fois, Seth n'avait ni anticipé ni contré. Il avait autorisé ce contact avec une douce surprise. Peut-être était-ce là le seul réel paradis qu'il lui avait été donné de voir aujourd'hui.

    Son regard plongea alors dans celui d'Ethan, de par l'ordre qui lui avait été intimé par les mains délicates de l'autre homme. Mais aussi par ce désir qui à présent, consumait les derniers glaciers encore debout, qui étreignaient la gorge d'Ezekiel.

    « … Je… Je tiens à toi. »

    Ses larmes, scintillantes étoiles qui tombaient du ciel pour atteindre les mains dénudées de Seth.

    « Pardonne-moi, c’était… un moyen de défense. J’ai peur de mes sentiments, j’ai peur des gens. »

    Son visage, ces traits délicats d'où toute sévérité s'était éloignée pour laisser place à la délicatesse. A la réalité.

    « C’est… c’est pour ça que je suis comme ça, odieux. »

    Il ouvrit à nouveau sa bouche à l'apparence si douce, laissant écouler une nouvelle fois ce prénom. Le sien. Dans ses yeux apparurent un sourire que nul n'aurait pu dissimuler.

    « Seth… »

    D'une voix sans tonalité, il répondit, muant ses lèvres en un doux sourire. Les dix secondes d'abstinence étaient écoulées depuis trop longtemps.

    « J'accepte tes excuses. Tu es...Vraiment...Charmant. »

    Il était peut-être temps de se redresser. Peut-être était-il temps de se rappeler que le monde tournait, que les gens passaient le long de ce magnifique chemin au goût de printemps, d'été, de mille saisons.
    Et d'un autre côté, peut-être était-il temps de se laisser tomber en arrière, de coller son dos à l'herbe fraîche et de se cacher aux yeux du monde adjacent qui n'aurait rien comprit à cette déferlante de joie, ce tsunami de bonne humeur, de sourire, de rire. Car il riait.
    Il rit en se penchant en arrière, ses bras passés autour du coup d'Ethan. Ils se propulsèrent à l'autre bout du monde, derrière cette clôture en pierres beiges, les larmes du second se déversant avec délicatesse sur le visage resplendissant du premier. Ils atterrirent dans un tout autre monde, l'un sur l'autre.

    Coincé entre le mur d'herbe et le corps d'Ethan, Seth ne voyait plus que son visage sur un fond de ciel bleu. Peut-être était-ce pour cela qu'il s'était réveillé de si bonne humeur aujourd'hui. Le destin lui avait réservé cette surprise qu'il n'était pas tout à fait à même de juger ni même d'interpréter correctement. Il n'empêche qu'il avait ressentit la sincérité dans les mots et les expressions utilisés par son ami, et qu'il avait jugé bon de se montrer bête à nouveau. Souriant à l'excès, il laissa ses bras glisser du cou d'Ethan à son dos, l'enlaçant les yeux fermés.
    Il ne faisait rien avancer. Mais peut-être parvenait-il simplement à faire changer les choses de façon positive.

    Le professeur se promit d'aimer son collègue avec une sincérité et une dévotion digne de toute l'amitié qu'il lui était possible de donner à quelqu'un.
    Mais ce n'était sans doute pas assez au yeux d'Ethan, dont le coeur battait à l'unisson de celui de Seth.

    « Je tiens à toi aussi, Ethan...»
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Ethan McLorgan
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Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Vide
MessageSujet: Re: Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Icon_minitimeLun 18 Avr - 7:03

« J'accepte tes excuses. Tu es...Vraiment...Charmant. »

Les mots résonnèrent dans la tête du Professeur de Potions. Son cœur, en l’espace d’une seconde, sembla exploser non plus sous le poids de la honte et de la colère qu’il avait ressenti contre lui-même, mais de soulagement, et de joie. Ce n’était rien au fond, ses excuses étaient acceptées, et même si Ethan avait du mal à comprendre et à se coller aux sentiments des autres, il ne doutait pas que ses méfaits ne seraient sans doute pas effacés par quelques mots qu’il avait échappé, cessant de penser et laissant parler son cœur. Il avait été d’une maladresse, d’une timidité qu’il ne s’était jamais connu jusqu’à ce jour. Mais peu importe. S’il avait réussi à calmer son ami, alors c’était là le plus important. Oui, il en était certain, pour Seth, il aurait été capable de ressembler au plus ridicule des sorciers, allant même jusqu’à se renier lui-même.

Et en même temps, le qualificatif qu’avait employé son collègue pour parler de lui, « charmant », lui donnait le tournis. Et il recommençait dans cette farandole d’émotions chargées. Peut-être y avait-il quelque part, un petit quelque chose de plus, quelque chose qu’il ne parvenait à saisir mais qui lui donnait l’envie de… d’embrasser le jeune homme aux cheveux bleus. Les larmes encore perlant au bout de ses yeux, il se sentait encore faible de l’effort produit pour mériter le pardon du sorcier et ne chercha pas à rejeter ce nouveau désir. Il n’osa pas non plus faire un geste, se contentant de poser son regard dans les yeux bleus du Professeur Ezekiel. Il ne fit rien non plus lorsque celui-ci passa ses mains derrière son cou, les rapprochant un peu plus. Non, il ne fit rien d’autre que d’apprécier ce spectacle intérieur, cette nouvelle chaleur qui l’envahissait devant la splendeur du beau sorcier. Oui, Seth était beau, il était tout ce qu’il n’aurait jamais cru pouvoir aimer chez un homme. Jamais il n’avait été aussi troublé, émerveillé et à la fois, perdu. Mais si se perdre signifiait s’abandonner à Seth, alors Ethan n’hésiterait plus une seconde. Il pourrait rester là, toute sa vie durant, contre ce sorcier qui faisait de lui, un tout nouvel homme, un amant.

En quelques secondes, les deux sorciers s’étaient retrouvés de l’autre côté du petit muret. Le professeur de Sortilèges et Enchantements étendu sur l’herbe soyeuse, Ethan couché sur lui. Et jamais il ne s’était senti aussi… bien et désarmé. Secrètement, il loua le soleil de s’être montré aujourd’hui et d’avoir brillé suffisamment fort pour jouer de son charme et forcer le Professeur de Potions à sortir de ses cachots. Sans ça, jamais il ne serait sorti, et peut-être n’aurait-il jamais rencontré son collègue… jamais il n’aurait été heureux. Allongé là, sur Seth, Ethan en oubliait qu’autour d’eux, le monde continuait de tourner, et peu importe au fond qu’on les pointe du doigt. Ce nouveau bonheur semblait tellement fragile et éphémère qu’il ne voulait pas en perdre ni en gâcher une seule seconde. Et plongeant à nouveau son regard dans celui de son ami, il s’approcha à nouveau, un peu plus près, comme guidé par son désir secret. Là, étendu contre l’objet de ses tourments émotionnels, il s’apprêtait à l’embrasser.

« Je tiens à toi aussi, Ethan...»

Il s’arrêta là dans son geste, avant qu’il ne paraisse trop suspect et soit aperçu par Seth. Sa raison avait repris le contrôle sur lui et déjà il entrait dans une profonde introspection. Que voulaient bien dire ces mots ? Lui-même les avait employé, certes, mais ils n’avaient servi qu’à en dissimuler d’autres qui auraient sans doute eu plus de force tout en étant les plus durs à avouer. Mais qu’en était-il pour lui, cet ange qu’il avait cruellement blessé quelques minutes auparavant et qui se serrait à lui maintenant, fermant les yeux ? Une soudaine crainte émergeât dans le cœur et l’esprit du sorcier aux cheveux noirs. Sans doute s’était-il laissé porter par sa propre confusion au point d’en arriver à faire des choses qu’il regretterait sûrement ensuite. Non, il n’irait pas plus loin, son cœur le lui criait.

Il tourna la tête pour observer les environs. Ce brusque retour à la réalité lui fit prendre conscience que les regards étonnés des passants le gênaient. Il se releva, passant sa manche sur ses yeux pour les essuyer et de son autre main, aida l’autre professeur à se relever.

« Tu m’as montré un petit bout de ton paradis, laisse-moi en faire de même. »

Et en attirant Seth vers lui jusque dans ses bras, il les fit transplaner.

Des bruits, des cris, des rires de joies, de la musique. Il y avait à présent un vent un peu plus frais qui venait ébouriffer les cheveux des deux sorciers. Ethan y était habitué, lui, au vent irlandais, mais se dit que peut-être son bel amant aurait un peu froid. Le ciel était bleu par endroit, le soleil se faisait de temps en temps timide, jouant à cache-cache derrière les nuages. Ethan agrippa Seth par le bras, pour le sortir de la petite ruelle dans laquelle ils avaient atterris. Ils marchèrent jusqu’à se trouver sur une petite place. Ici, tout était bien plus vivant. Autour d’eux, des enfants dansaient en formant une queue, ils riaient et tournoyaient, laissant libre cours à leur liberté et leur bonheur. Des musiciens un peu loin, sur une estrade jouaient quelques morceaux bien connus du Professeur McLorgan et faisaient danser quelques couples de façon guillerette. Un petit village au sud de son Irlande natale non loin de la mer. Une fête foraine. Un village moldu dans lequel avait grandi Ethan, à jouer avec ses camarades, qu’ils soient nés de parents sorciers ou non.

Quand il était petit il venait souvent s’amuser sur la place du village, souvent en fête. C’était un peu ça son coin de paradis, même s’il avait une aversion pour les enfants, surtout lorsqu’ils venaient se perdre dans ses jambes, le bousculant, inconscients. Il continua de traîner son ami un peu plus loin au milieu des forains, et des Irlandais joyeux, l’emportant à l’endroit qu’il avait voulu lui montrer. Et, s’écartant un peu de la foule, il le vit, là, en face de lui : un carrousel. Il était vieux maintenant et ne semblait plus servir beaucoup. Pour Ethan, c’était bien plus.

« C’est un carrousel ! Quand j’étais petit, on venait souvent ici. On montait sur les chevaux et on s’amusait, prétendant être des chevaliers qui filaient à travers le vent pour sauver les innocents. » Il sourît. «Maman était là, assise sur le banc. Et puis quand papa est parti, elle venait souvent ici, toute seule, ne sachant pas que je la suivais. Et elle était là, silencieuse, à regarder les chevaux tourner, les enfants crier de joie, et la musique l’entraînant dans une sorte d’état second. Quand elle venait, elle se laissait partir. Assise sur le banc, elle laissait son âme s’en aller. J’ai compris un jour qu’elle attendait toujours que papa revienne. C’est là qu’ils s’étaient rencontrés lui et elle, quand eux-mêmes étaient enfants. »

Il avait dit cela en fixant le carrousel qui avait gardé un peu de sa magie. Regardant à droite puis à gauche pour vérifier que personne ne le verrait, il brandit sa baguette et d’un mouvement délicat, redonna un peu de sa vitalité au manège. Le carrousel commença à s’animer, tournant, s’allumant de douces lumières multicolores. Les chevaux reprenaient leur course pour la première fois depuis longtemps déjà. Ethan se retourna vers Seth

« C’est bête je sais, elle était triste à ces moments. Mais tu l’aurais vu, elle était si belle sur son banc à regarder le carrousel tourner. C’était un peu comme si elle se laissait rêver et se souvenir des moments qu’elle avait partagé avec papa. Alors, oui, j’aime beaucoup cet endroit. »

Il baissa timidement les yeux vers le sol. C’était étrange de confier une partie de sa vie à quelqu’un. Mais cet autre sorcier, c’était Seth, et rapidement, il ne sentît plus aucune gêne et tendant la main vers lui, lui dît avec son plus beau sourire :

« Un petit tour, ça te tente ? »


Dernière édition par Ethan McLorgan le Mer 18 Mai - 5:13, édité 1 fois
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Seth Ezekiel
Seth Ezekiel
Prof. Sortilèges et EnchantementsProf. Sortilèges et Enchantements
Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Vide
MessageSujet: Re: Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Icon_minitimeVen 22 Avr - 7:58

    Il y avait une chose étonnante, et pourtant si belle à la fois, que Seth ne put que la retenir pour la fixer à jamais sous ses prunelles azurées. Il la photographia du bout des cils, l'encra et ancra profondément dans son coeur, se jurant de garder cette image aussi longtemps que la vie le lui permettrai. C'était ce genre de moment que la vie vous offrait, vous reprenait et ne vous rendait plus jamais. Alors, juste pour une seconde, il fixa le tout dans son âme, avec le plus beau des rires sous ses yeux.
    Il était heureux comme il ne l'avait plus été depuis des mois, et cette simple idée se brisa lorsque la chaleur de l'autre s'éloigna de lui. Comme s'il s'était assit près d'un feu à bois pendant des heures, alors qu'il faisait froid, si froid dehors. Comme s'il venait de se lever et de sortir brutalement, sans se couvrir, dans ce froid, si froid.
    Le poids sur son torse se retira, il put respirer de cet air qui n'avait plus aucune odeur et qu'il n'était soudainement plus si agréable d'avaler à grande bouffée. Son sourire se fana comme une fleur, amer et abandonné sur des lèvres qu'il avait cru se rapprocher des siennes.

    Alors enfin, son petit moment de bonheur intense s'arrêta et, conscient du monde qui tournait tout autour, il se redressa, lui aussi. D'un coude posé sur le sol, d'une main qu'il saisit du bout des doigts, Seth se remit debout, fixant le sol qui avait accueilli si chaleureusement ce petit brin de paradis enfui. Il épousseta, chose qu'il ne faisait que rarement, inconscient de l'image qu'il reflétait. Homme débraillé, peu soigneux de son image, il s'en fichait. Une brindille tomba de ses cheveux, s'égarant quelques instants sur son nez, le chatouillant.
    Puis elle reprit sa chute, se perdant parmi tant d'autres.
    Seth releva la tête. Autour, les bruits et le reste le ramenèrent à une réalité qui lui parut un peu moins belle.

    « Tu m’as montré un petit bout de ton paradis, laisse-moi en faire de même. »

    Son bout de paradis? Est-ce que l'autre avait seulement pu le deviner? Il douta. Puis il finit par comprendre de quel Éden l'autre parlait, et à nouveau, cela lui sembla plus fade que ce qu'il venait de vivre. Était-ce parce qu'il n'avait plus eu une telle complicité depuis des années? N'en sachant trop rien, il se laissa mollement attirer par Ethan, analysant seulement ce que l'autre pouvait lui avoir dit.
    Montrer son paradis? Ils ne partageaient donc pas la même impression de ce qui venait de se dérouler, de ce rire, de cette accolade bienfaitrice qui avait redonné à Seth toute cette passion du rire, cette culture du sourire. Qu'importe, ce serait son petit secret.
    Il se murmura un « chut » rieur, se retrouvant à nouveau dans les bras de l'autre. Il arrivait que la vie vous rende, de temps à autres, ces petits moments rares...
    Ils transplannèrent. C'était peut-être beaucoup, pour une journée. Les jambes de Seth le lâchèrent pendant le voyage. Il se serra un peu plus fort contre l'autre. Ce n'était décidément pas son moyen de transport préféré.

    Par chance, l'air frais qui lui ébouriffa la tignasse aussitôt lui permit de se redresser avant que son ami ne se rende compte de quoique ce soit. Il se passa la main sur le visage, incertain de l'endroit où ils étaient et surtout de ce qu'il se passait. Les bruits, quoique différents de ceux qu'ils avaient quittés auparavant, lui rappelaient quelque chose de lointain.
    Il n'eut pas tout à fait le temps de se rappeler des fêtes foraines moldue auxquelles sa mère les emmenait, ses frères et lui. En fait, il n'y songea même pas, le tout étant enfui bien trop loin dans sa mémoire. Mais le simple contact du bras de l'autre lui indiqua que oui, il connaissait cette ambiance.
    En fait, il l'aimait, cette ambiance. C'était il y a longtemps, mais c'est cette joie passée qui le poussait aujourd'hui encore à garder en permanence son sourire ravi.
    Pourtant lorsqu'il vit le décors se planter sous ses yeux, ces enfants, ces musiques, ces couples et le reste, il en resta muet.
    Était-ce vraiment ça, le coin idyllique de l'autre homme? Est-ce qu'un endroit si joyeux peut réellement supporter la maussade apparence de son compagnon? C'était peut-être juste une blague, finalement. Ou bien...

    Il releva juste son regard vers Ethan, se laissant guider en toute confiance. Non, ce n'était pas un mensonge. Ça se voyait, étrangement, sur le visage de l'autre professeur. Oh bien sûr, Seth ne pouvait pas voir ce genre de chose, abrutis qu'il était en communications humaines. Pourtant, lorsqu'il était question de sourires et de joie, il s'y connaissait. Et la lueur qui rendait à présent le regard de l'autre si expressif ne pouvait être mimée.
    C'était bien vrai, et Ezekiel le comprit sans avoir à demander confirmation. De ce fait, rassuré, il marcha plus vite, pressé d'admirer l'endroit où l'autre pouvait bien l'emmener.
    Pourtant, il fut tiré en arrière par Ethan qui s'était soudainement arrêté.
    Sans savoir pourquoi, plutôt que de regarder dans la même direction que celui-ci, Seth continua à l'observer. Il verrait, dans quelques secondes, s'allumer dans les yeux d'Ethan une lueur encore bien plus belle. A tel point qu'il se fit muet pour admirer tout cela.
    La joie rendait l'autre bien plus beau.

    « C’est un carrousel ! Quand j’étais petit, on venait souvent ici. On montait sur les chevaux et on s’amusait, prétendant être des chevaliers qui filaient à travers le vent pour sauver les innocents. »

    Il sourît, et Seth ne pu s'empêcher d'imaginer un garçon aux traits presque semblables à ceux d'Ethan, crier avec une voix délicate des phrases qu'un enfant pourrait se venter de dire. L'image, bien qu'amusante, ne parvint pas à le faire sourire. Il y avait trop d'émotion dans cette confession pour la gâcher avec un banal sourire.

    « Maman était là, assise sur le banc. Et puis quand papa est parti, elle venait souvent ici, toute seule, ne sachant pas que je la suivais. »

    Ses lèvres s'écartèrent, doucement, pour ne rien dire. Il n'y avait rien à dire. Pourtant, ayant vécu la même situation - quoique différente - Seth ne pouvait comprendre. Il ne parvenait pas à comprendre la douleur étrange qui s'était faite ressentir dans la voix de l'autre homme. La fin du récit, bien sûr, pourrait lui apporter ce qu'il devait savoir.
    Mais il prit juste soin de faire glisser son bras de celui de l'autre. Il avait mal pour lui, et cette douleur, pas question qu'Ethan la ressente.

    « Et elle était là, silencieuse, à regarder les chevaux tourner, les enfants crier de joie, et la musique l’entraînant dans une sorte d’état second. Quand elle venait, elle se laissait partir. Assise sur le banc, elle laissait son âme s’en aller. J’ai compris un jour qu’elle attendait toujours que papa revienne. C’est là qu’ils s’étaient rencontrés lui et elle, quand eux-mêmes étaient enfants. »

    Il ne répondit rien. Bouclé dans un mutisme qui ne lui convenait pas. C'était douloureux. Est-ce qu'Ethan se rendait compte qu'il venait de lui verser dans l'âme une part de sa propre identité?
    C'était beaucoup. Beaucoup trop. Et cette douleur amer qui fait que l'on sait, maintenant, que l'on comprend, laissa toujours Seth flotter dans le regard de l'autre. Il avait soudainement eu envie de le prendre dans ses bras et de s'excuser. Comme si tout cela était de sa faute. Il n'avait pas voulu non, absolument pas.
    Il n'aurait jamais imaginé l'autre se sentir obligé de lui rendre la monnaie de sa pièce, ni même de le pousser à se raconter, se partager, se dévoiler. Pour Seth, tout cela sonnait comme une amère défaite. Est-ce qu'il lui avait vraiment forcé la main?

    « C’est bête je sais, elle était triste à ces moments. Mais tu l’aurais vu, elle était si belle sur son banc à regarder le carrousel tourner. C’était un peu comme si elle se laissait rêver et se souvenir des moments qu’elle avait partagé avec papa. Alors, oui, j’aime beaucoup cet endroit. »

    Naturel, c'est peut-être ce qu'il aurait pensé, en temps normal. Que tout ces souvenirs s'écoulaient naturellement des lèvres d'Ethan pour parvenir aux oreilles de l'autre homme. Que cette confidence, quoique n'étant pas faite sur oreiller, était délicate et pleine de compassion et de besoin. Est-ce que c'est la première fois, pour lui?

    « Un petit tour, ça te tente ? »

    Il faut reposer pied à terre, et c'est ce que le professeur de sortilège tente vainement de faire en détournant le regard vers le manège.
    Et en ne le quittant plus des yeux.

    A présent, il comprenait. Ce carrousel contenait tant d'images, tant de moments de vie. Il faisait parcourir à des enfants des aventures sans fin et partager à des amants des baisers sucrés. Combien de fois avait-il tourné sur lui-même pour procurer un peu de bonheur, une seconde, cinq minutes d'une intense joie?
    Est-ce là ce qu'Ethan tentait de lui offrir?
    Sans répondre, Seth s'approcha de l'engin. En fait, ce fut même lui qui y attira son ami, serrant sa main pour l'emmener sur le carrousel. Il se tint à une barre, forçant l'autre à grimper à sa suite, d'un petit saut que des enfants auraient prit pour une montagne insurmontable.
    Peut-être que là-haut, personne ne les dérangerait. Les lumières, dans les prunelles de l'homme qu'Ezekiel fixait, semblaient devenir des milliers d'âmes qui riaient, sur ce même paradis en bois grinçant où ils posaient leurs pieds. Le tout tournant, le tout virevoltant. A en perdre la tête.

    Finalement, Seth lâcha la main de l'autre homme, passant entre les chevaux de bois, cherchant ce qu'il pourrait peut-être dire, ou peut-être faire. Alors après avoir fait le tour et être revenu derrière son ami, il s'arrêta de marcher. La mélodie, entrainante, n'entrainait plus que les battements de son coeur et le tournis dans sa tête. Sachant pertinemment que l'autre ne pouvait l'avoir entendu arriver avec les nombreux bruits du manège, il posa simplement sa tête sur son épaule, incertain de la réaction de l'autre.
    Peut-être le prendrait-il bien. Peut-être pas. Dans tous les cas, le bonheur qui enrobait à présent Seth ne pouvait qu'être éphémère, si bien qu'il prit le risque. Il posa un baiser dans le cou de l'autre homme avant de se reculer, souriant paisiblement.

    « Je te remercie pour ça, Chevalier. Tu viens de me prouver que tu étais encore innocent...»

    Étouffée par la musique, il murmura. Seule ses lèvres bougèrent, fines, attirantes. Un léger coup de vent plaça ses cheveux face à ses yeux.

    « Qui pourra, un jour, ressentir ce que je ressens...»

    Le carrousel s'arrêta alors de tourner, et Seth remit doucement la mèche derrière ses oreilles, sentant sous ses doigts le papier reconnaissable d'une cigarette.
    Il l'avait presque oubliée, celle-là. Alors il la retira de là et la coinça docilement entre ses lèvres écartées, relevant son regard pour à nouveau fixer son compagnon.

    « Je crois que je comprends ta mère. Ce carrousel...Regorge d'amour. »

    Sa cigarette grésilla, il baissa les mains pour remettre son briquet dans sa poche.
    Son coeur aussi, sembla grésiller.
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Ethan McLorgan
Ethan McLorgan
Directeur de Nasteen - Potions MagiquesDirecteur de Nasteen - Potions Magiques

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Âge: 22 ans
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Localisation: Sur un tabouret.
Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Vide
MessageSujet: Re: Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Icon_minitimeSam 7 Mai - 13:23

Tout avait été étrangement naturel. Au fond, c’était sans doute ce qu’il était venu chercher ici ; l’enfance que personne ne lui connaissait maintenant, cette infime partie de sa vie qui révélait un peu de son innocence encore présente mais cachée. Peut-être avait-il voulu montrer à ce collègue qui avait sans doute bien plus d’importance que tout ce qu’il avait entreprit dans sa vie, qui était d’ailleurs certainement plus important que sa vie elle-même, il avait voulu lui montrer combien il était encore humain, combien ses émotions faisaient encore partie intégrante de sa personnalité, mais que pour des raisons inconnues il s’était évertué à les cacher. Il voulait qu’il sache, lui, Seth Ezékiel, qu’il était doué de sentiments et s’il avait le courage de le reconnaître et de l’avouer à cet être sublime qui l’écoutait parler. Il lui déclarerait également que jamais en son cœur il n’avait ressenti de sentiments comparables. S’il en avait la force, s’il n’était pas resté si enfantin.

Les mots lui avaient échappé, comme libéré de leur étreinte. Libres, ils s’étaient laissés flotter, portés par le vent irlandais, dont la douceur en ce jour faisait penser à une journée d’été (autant qu’il était possible de concevoir un été doux en Irlande). Il espérait ne pas en avoir trop dit, ne pas avoir gêné son interlocuteur, silencieux. Peut-être n’aurait-il pas dû parler autant de sa mère ; cette histoire avait bien entendu quelque chose de triste, surtout lorsqu’on pensait que quelques mois plus tard, on retrouva la pauvre femme, assise sur le même banc, les yeux fermés, un léger sourire de bonheur et de tranquillité sur le visage, mais pourtant, sans vie. Les mois avaient passé, elle était venue souvent s’asseoir sur ce banc, rêvant, et par les mois rudes elle se laissa ainsi mourir, emportée par ses rêveries. Oui, c’était triste, mais Ethan arrivait cependant à en retenir quelque chose : sa mère avait aimé un homme, plus fort que n’importe qui d’autre et lorsque son aimé s’en fût, une part sinon son âme toute entière sembla la quitter. Au début, bien évidemment il avait haïs son père pour les avoir abandonner et avoir ainsi conduit sa mère dans une dépression sans échappatoire. Et puis, avec le temps il avait compris et avait pardonné. Sa mère lui avait ancré cette image dans la tête d’une femme aimante, d’une femme qui s’était offerte à un homme pour la vie, lui dédiant également sa mort, la lui abandonnant. Et même si Ethan avait toujours souhaité ne jamais connaître pareil sentiment dévastateur, il n’avait pu s’empêcher souvent d’y penser et d’en rêver : aimer à un tel point, il lui semblait en être incapable et pourtant, le dangereux désir d’y goûter lui avait parfois tiraillé le cœur.

Seth le sortît alors de sa pensée furtive tandis qu’il le tirait par le bras en direction du carrousel tournoyant. S’était soudain, surprenant, tout comme le silence entre les deux sorciers. Seule la musique enchanteresse remplaçait l’inutilité de mots parfois maladroits, ou incapable de transcrire l’émotion de l’instant. Tous deux, comme deux enfants jouant, excités par ce petit monde vacillant, tournant, sans cesse, ils se trouvaient à présent au milieu des chevaux à l’assaut pour des aventures qui avaient bercé l’enfance du Maître des potions. Tous deux, ils étaient là, sur son propre coin de paradis, avant que les enfants n’entendent l’envoutante mélodie et ne viennent à leur tour profiter de l’attraction aux merveilles. Seth ne semblait pas savoir quoi dire et Ethan se demanda s’il devait se sentir stupide de le mettre dans un tel état, ou s’il devait se laisser convaincre par l’éventuel émerveillement de son compagnon. Au lieu de dire quoique ce soit, Seth s’échappa, se frayant un chemin parmi les chevaux de bois. Ethan, lui, demeura à la même place, ne sachant vraiment quoi faire. Il reviendrait sans doute vers lui, il pourrait ainsi contempler ce visage qu’il n’avait pas vu depuis trop longtemps déjà et qui lui causait tout ce chamboulement intérieur. Depuis qu’il s’était retrouvé nez-à-nez, à peine lèvres contre lèvres, depuis qu’il avait dû s’empêcher de faire le geste de trop, il n’avait pu se perdre à nouveau dans le regard de cet ange radieux, magnifique. C’était maintenant une éternité qui s’était écoulée pour lui sans qu’il ne pût s’étonner de la finesse des traits de cet Adonis moderne, sa peau blanche et délicate, ses lèvres, sa tentation.
Bientôt cet homme qu’il reconnaissait avec peine comme son aimé, ce sorcier qui lui causerait bien plus que de la souffrance et le plongerait sans doute dans un état catatonique proche de celui de sa mère, cet être sublime reviendrait vers lui et il se figerait devant tant de splendeur.

Quelle ne fut pas la surprise lorsqu’il sentit un poids sur son épaule. Il ne bougea pourtant pas. Une légère brise avait porté le parfum de Seth à ses narines, et il ne pouvait qu’être certain que le sorcier venait de poser sa tête sur son épaule. Son cœur s’emballa, ses mains commencèrent à trembler, son esprit s’embrouilla, confus. Il ne fit rien, l’instant, gênant par sa nouveauté, sublime par ce qu’il engendrait chez le professeur de potions magiques, ne pouvait être interrompu ; du moins, Ethan n’en avait pas envie. Et soudain, il sentit les lèvres du sorcier aux cheveux bleus se poser sur la peau de son cou. Il frissonna. Naturellement, il rougît, s’embrasa, tout son être devint submergé d’un bonheur qui lui était inconnu. Seth venait de l’embrasser dans le cou. Il sentît la chair de poule remonter le long de son dos jusque dans sa nuque, il frémît. Ce contact, c’était si doux, si bon, si parfait et pourtant étrange.
Embrasser la petite Emilie, à six ans, ne lui avait pas semblé aussi étrange, anormal, ni même aussi agréable. Sans doute était-ce ce que l’on ressentait lors d’un premier contact charnel avec une autre personne, à l’âge adulte, conscient de ses propres désirs, d’autant plus qu’il ne pouvait se cacher trop longtemps de cet amour incompréhensible qu’il avait pour l’autre sorcier. Peut-être était-ce également cela, être aussi proche d’un autre homme, c’était… nouveau.

« Je te remercie pour ça, Chevalier. Tu viens de me prouver que tu étais encore innocent...»

Il avait relâché son étreinte et pris quelques distances. Ses yeux restaient cachés d’Ethan qui s’était retourné à présent, et cependant, même s’il ne put se perdre dans son regard, il avait à nouveau devant lui l’être le plus beau qu’il avait rencontré. Son corps toujours engourdit par le baiser, les joues probablement rouges, il sourît, satisfait de voir que Seth avait compris. « Chevalier », s’était si incongru d’être appelé ainsi par un confrère, mais sa voix, sa douce et mélodieuse voix avait un tel pouvoir sur Ethan qu’il ne pût se sentir que charmé davantage.

« Qui pourra, un jour, ressentir ce que je ressens...»

Sa voix s’était faite murmure, tandis que ses fines lèvres s’étaient mues, belles et attirantes. Il n’était pas vraiment sûr de ce qu’il avait entendu, la musique du carrousel étouffant l’envoutante voix. Il ne dît rien, il resta là, l’observant, enregistrant dans sa mémoire ce qui ressemblait au plus beau jour de sa vie jusqu’à maintenant. D’un geste gracieux, il retira la mèche qui couvrait ses yeux, lui révélant cet océan de tendresse dans lequel il plongea, et, la portant derrière son oreille, découvrit une cigarette qu’il porta ensuite à sa bouche et l’allumant :

« Je crois que je comprends ta mère. Ce carrousel...Regorge d'amour. »

Était-ce un hasard s’il évoquait le mot amour ? Etait-ce uniquement parce qu’Ethan lui avait parlé de sa mère, ou bien avait-il su saisir la particularité de l’endroit ? Le sorcier aux cheveux noirs ne se laissa pas tirer des conclusions qui le briseraient ensuite, se révélant illusoires. Lui-même aurait parlé d’amour, et dans ses mots aurait fait une déclaration secrète à ce bel amant chimérique, mais il douta qu’il en soit de même pour Seth. Et pourtant, le baiser, cet instant que nulle magie ne pouvait égaler, il ne l’avait pas imaginé, il avait bel et bien son importance, ne pouvait être anodin, pas plus pour lui que pour Seth. C’était impossible.

Des rires, des cris de joies commencèrent à se faire entendre, bientôt une multitude d’enfants innocents et joyeux viendrait troubler son rêve. S’il voulait agir, se dit-il, il devrait le faire vite.
Prenant alors tout son courage, il s’approcha du sorcier aux allures angéliques, tremblant, incertain de ce qu’il était sur le point de faire. Sa main se leva d’elle-même guidée vers le visage de Seth, de ses lèvres. Il fixait son regard, perdu, envouté, amoureux. Il saisît doucement la cigarette qui faisait obstacle à son projet et la distance entre leur visage se fit moins longue.

« Seth, je… »

Alors qu’ils n’étaient tous deux qu’à quelques centimètres l’un de l’autre, alors qu’il était sur le point de l’embrasser et de signer sans doute son arrêt de mort, la troupe d’enfants cavaleurs fit son irruption. Surpris, il tourna la tête, et semblant de rien, porta la cigarette à ses lèvres. La fumée l’étouffa, il se mit à tousser.

« Par merlin !! J’avais oublié que je ne fume pas ! »

L’aveu semblait bête et le rendait encore plus ridicule tandis que des larmes commencèrent à perler au coin de ses yeux. Tout était gâché à présent. Il avait sans doute perdu toute crédibilité. Sa maladresse n’avait plus de limite lorsque Seth était présent dans son entourage. Il toussait encore, son corps semblait sur le point de l’abandonner. Il allait mourir étouffé et de honte. Tout ce stress pour rien. Peut-être ne trouverait-il plus jamais pareille occasion, et il s’en mordait déjà les doigts.
Et pourtant, tandis que les enfants commençaient à envahir l’espace, s’immisçant entre eux, grimpant sur leur destrier, tandis que leurs cris de joie se mêlaient à la musique du carrousel, dans un tournoi de couleurs et de sons, il repensa à sa mère, assise sur son banc, qui, si elle avait été là, face à son père après tant d’années d’absence, aurait saisi cette deuxième et sans doute unique chance. L’image le bouleversa et dans un élan de courage, il passa sa main droite dans le dos du sujet de sa nouvelle obsession, le colla contre son corps et portant sa main gauche derrière sa tête, prenant garde à ne pas lui brûler les cheveux, sans ne laisser le moindre instant à sa raison pour le dissuader, il posa ses lèvres sur celles de Seth.

Ils étaient là, tous deux, au milieu des rires, des cris, de la musique, dans un arc-en-ciel tournoyant sur lui-même, lèvres contre lèvres. L’instant sembla durer toute une éternité; les secondes, comme figées, s’étaient arrêtées ou du moins ne participaient plus à cette course temporelle, complices de ce moment magique. Tournoyants, absents de ce monde, ils s’embrassaient et Ethan comprît alors ce que sa mère avait ressenti auparavant. A présent, il le savait, il ne pourrait jamais plus se passer de Seth; son cœur, son corps, son âme toute entière ne lui appartenait plus.


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Seth Ezekiel
Seth Ezekiel
Prof. Sortilèges et EnchantementsProf. Sortilèges et Enchantements
Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Vide
MessageSujet: Re: Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Icon_minitimeDim 8 Mai - 6:14

    Je rangeais mes affaires, avec un certain détachement. Je me sentais las, tandis qu'elle était là, son torse allongé sur cette table où je travaillais depuis des heures.
    A l'époque, je me laissais pousser une barbe de quelques jours. Négligemment, rangeant mes parchemins dans mon sac, je passa la main dessus, réfléchissant. J'étais fatigué. Plus rien de tout cela ne semblait avoir de sens, ni pour elle, ni pour moi. Alors en quittant la salle, je lui lança qu'il était temps que l'on rompe. Je n'attendis pas sa réponse pour quitter les lieux.
    Je franchis la porte de la pièce et la quitta à tout jamais, autant elle que la jeune femme qui avait comblé ma vie pendant quelques mois. Elle représentait un amour que je ne voulais plus jamais connaître. Elle représentait ce que je ne connu plus, depuis ce jour.

    Il y eut des femmes, c'est vrai, qui emplirent ma vie de douceur pendant quelques autres mois. Mais ce ne fut plus jamais identique. Je n'aimais plus, je supportais avec difficulté. Ma plus longue relation, depuis elle, dura seulement quelques semaines. Je n'arrivais plus à retomber dans cette spirale amoureuse qui m'avait fait perdre la tête, des années auparavant. Je finissais toujours par quitter ces personnes sans trouver autre chose à leur dire que « L'amour ne me possède plus ». Peut-être ai-je brisé quelques cœurs. Mais mes relations étaient toujours platoniques, jamais réellement consentie de ma part. Je n'aimais plus.
    Il y eut quelques hommes aussi. Mais ce fut du même acabit. Il m'était impossible de retrouver la quiétude dans les bras de quelqu'un d'autre, ou même dans un regard autre que le sien. Peut-être m'avait-elle prit tout ce qui me rendait capable d'être humain?
    Je continuais à chercher, sans tout à fait le faire.
    En réalité, en amour, j'ai toujours laissé mes pas me guider vers les gens qui semblaient me correspondre, ou lui ressembler.
    Puis je suis arrivé à Swelty. J'ai rencontré Amadeus, un jeune homme fou qui parvint à me mettre dans un état à peu près second. Le soir de mon arrivée, il m'a laissé pantois, un peu fatigué et lassé.

    J'ai descendu les escaliers, ce jour-là. Avec ma vieille robe de sorcier rapiécée. Je suis tombé sur des personnes à qui je me suis présenté en tant que nouveau professeur de sortilège. Beaucoup m'ont rendu la pareille.
    Puis je suis tombé sur un homme au regard noir, aux cheveux noirs. Du haut de l'escalier, je l'ai vu. J'ai senti mes joues s'empourprer, moi qui le trouvais si beau, étonnamment beau. D'une façon ou d'une autre, il lui ressemblait. Il possédait cette douceur imperceptible, que je devais être le seul à voir, qui fit qu'il me plut au premier regard. Je ne dis pas que c'était de l'amour. Mais Ethan McLorgan était là, il grimpait les marches, et je ne pu que me retourner sur son passage pour le voir monter encore, et s'effacer de ma vue devenue trouble.


    Ses lèvres, collées à celles de Seth, lui arrachèrent toutes ces pensées. Il finit par ouvrir à nouveau les yeux. Il n'y avait qu'une seconde d'écoulée, depuis le début de ce contact aux effets si particuliers. Seth ne repense jamais à son passé. Il ne pense pas à elle, il pense à ceux qu'il rencontrera plus tard. Il pense à Ethan, et il referme les yeux.

    Que s'était-il passé?
    Il se revoyait, debout, sa cigarette entre les lèvres. C'était avant. Avant qu'il ne revoit ces étranges et vieux souvenirs auxquels il n'avait pas l'habitude d'accorder tant d'importance, surtout dans de tels instants.
    Ethan, et son geste si doux. C'est peut-être même la première qu'en une journée, l'autre est capable de faire autant de mouvement dans le direction de Seth. Mais celui-ci ne s'en plaint pas. En fait, il essaie vaguement de se souvenir s'il a déjà vu Ethan fumer ne serait-ce qu'une fois, et la réponse lui vient aussitôt à l'esprit. Ethan ne fume pas, et pourtant, il prend la cigarette que l'autre homme déguste, le vague à l'âme. Il la prend et la glisse dans sa propre bouche, arrachant quelques rougeurs à Seth. Ce genre de baisers interposés l'ont toujours fasciné et intimidé. C'est quelque peu romantique, à ses yeux. Même beaucoup. Mais Ethan ne le sait pas, ne le saura jamais. Peut-être même qu'il n'en a absolument pas conscience, ce qui arrange les affaires du professeur de sortilèges et enchantements.

    « Par merlin !! J’avais oublié que je ne fume pas ! »

    Et cette naïveté arracha au Loup-Garou un rire que même les musiques alentours ne purent faire taire. Il aimait voir l'autre comme ça, complètement dépourvu de ses moyens, l'air à présent si fragile. Si frêle. Il se sentit défaillir aussi, comme s'il s'était lui-même étranglé avec cette cigarette qui lui a été si brutalement arrachée des lèvres.
    Des enfants le bousculent, ils grimpent sur ce manège qu'il aurait espéré être caché aux yeux du monde, d'une façon ou d'une autre. Égoïste, il l'était, c'est vrai. Peut-être qu'à rester ici, dans ce lieu magique, avec Ethan comme seul compagnon, il aurait pu lui glisser un mot, lui dire quelque chose. Mais le monde s'écroulait, cette solitude s'évaporait au profit de la joie de ces petits monstres à qui Seth ne pouvait en vouloir.
    Il les comprenait, en riant.

    Il a envie, alors, de prendre la main de l'autre, comme plus tôt, et de lui demander de descendre. Il veut lui dire que cet endroit n'est plus à eux maintenant, alors il tend doucement son bras dans sa direction, dégageant de son regard ses cheveux bleus. Mais le voilà happé. D'une main dans le bas de son dos, qu'il n'a pas le temps d'observer en se questionnant. D'une seconde, qui se pose dans sa nuque, lui arrachant un frisson dont il avait oublié les sévices.
    C'était horrible. Il n'y avait plus de musique. Plus de rire. Plus d'enfants. Même plus d'Ethan. Juste ces mains, ce noir tout autour et ce coeur qui bat trop vite dans la poitrine de l'homme aux cheveux bleus.
    En un instant, un monde s'écroule. Les jambes du professeur ne le maintiennent plus tout à fait sur ce sol qui tourne et tourne, et tourne, tourne, tourne...Ses lèvres ont la douceur d'un amour dont il a peur. Il a peur depuis le premier jour.
    Ethan, autour du quel il passe ses bras, vigoureusement, lui intimant l'ordre de ne pas le lâcher. Non, de ne jamais le lâcher. Il le serre contre lui, glisse ses mains pour attraper les épaules de l'homme qui le fait ainsi s'écrouler, comme ça ne lui était plus arrivé depuis des années.

    La terre semble tourner. La terre semble ralentir. Il y a moins de bruits, moins de gens. Les enfants, écœurés, se sont enfuis, aussi braves que des chevaliers face à une horde de dragons. Il n'y a plus que les lumières qui clignotent, brillant dans les cheveux des deux hommes.
    Cela fait deux minutes. Seth garde ses lèvres brûlantes fermement appuyées sur celles d'Ethan. Il ne se rend pas encore compte de la tragédie qui se déroule en lui. Juste cette sensation de bien-être. Peut-être devra-t-il lui dire la vérité, un jour. Mais pas maintenant. Il écarte doucement ses lèvres pour qu'elles se referment avec voracité autour de celle inférieure d'Ethan.

    « Ethan...Je...»

    Il avait doucement écarté son visage de celui de l'autre, les joues en feu. Aussi, sans s'en rendre tout à fait compte, Seth avait laissé ses bras retomber le long du dos de l'autre, caressant ses vêtements avec une douceur qu'il aurait jugé sensuelle, peut-être trop.
    D'un autre mouvement, il se retira de l'étreinte de l'autre, tremblant. Il avait l'horrible impression d'avoir fait une bêtise. Comme s'il avait mal compris l'intention d'Ethan. Il s'était rapproché de lui, sans savoir si c'était bien ce que désirait l'homme. Peut-être n'aimait-il que les femmes?
    L'estomac de l'homme aux cheveux bleus se souleva. Imaginer cela était horriblement douloureux. Il n'avait jamais pris soin de vérifier les tendances de l'autre.

    « Je suis désolé! »

    Ce fut la première chose qu'il fut capable de dire. Après cela, tout resta coincé dans sa gorge, et rien d'autre ne put sortir. Ses pieds semblaient chercher à s'enfuir par tous les moyens, si bien qu'ils le firent. Il récupéra la cigarette qu'il s'était fait voler et constata qu'elle était presque entièrement consumée. Mais ce n'était pas là le plus important.
    Par réflexe, par bêtise, par envie, il saisit la main d'Ethan, l'emmena avec lui loin de ce manège.
    Il faisait de grandes enjambées, serrant dans sa main droite sa cigarette sur laquelle il finissait de prendre sa dose de drogue. Dans l'autre main, il ne lâchait pas l'homme qu'il venait d'embrasser avec beaucoup d'envie. Il ne le lâchait pas, même si l'autre se débattait, il ne le lâcherait pas. Il l'emmenait loin, loin de la musique, du bruit, des gens. Il l'emmena dans une rue qui semblait vide, dans un cul de sac, d'où la lumière elle-même semblait s'être quelque peu retirée. Il y avait de l'ombre, qui ralentit enfin la cadence de Seth, toujours muet.
    Il s'arrêta aussi, lorsqu'il constata qu'il n'y avait plus aucun moyen d'aller plus loin. Il lâcha alors la cigarette, l'écrase doucement du bout du talon.
    Mais il ne lâchait pas ce qu'il tenait dans l'autre main. Il ne l'écraserait pas, pas de cette façon. Il ouvrit juste les yeux, suivit de ce même regard ce bras, cette épaule, ce cou, arriva au visage et se figea. Non seulement il se rendait compte qu'il l'avait attiré jusqu'ici sans même s'en apercevoir, mais il constata aussi une chose effrayante.

    Sans pouvoir contrôler son corps, il délaissa enfin la main de l'autre et accrocha les siennes au col de l'homme. D'un geste qui aurait pu paraître brutal, il lança l'autre contre le mur, le faisant alors passer devant lui.
    Puis sans attendre, il fit un pas. Se rapprocha de ce mur, de ce corps, s'y colla, s'y mélangea. Avec une fougue qu'il n'avait plus ressentie depuis si longtemps, depuis elle, il murmura, suave, à l'oreille de l'autre.

    « Tu es vraiment...Charmant. »

    Et sans plus attendre, dans cette ruelle vide, il arracha un nouveau baiser à Ethan, le tenant toujours fermement par le col.
    Ce pouvait paraître brutal, malsain, pervers, dans cette étroite rue vide et sombre. Mais pour Seth, c'était d'un romantisme à toute épreuve. Il exprimait là des sentiments qu'il avait renfermé en lui depuis des années.
    Il n'aimait pas non. C'était bien plus que ça. Mais il ne le lui dirait pas. Un baiser, un geste, son corps brûlant soudé à celui d'Ethan devrait servir d'unique langage.
    Il n'aimait pas non. C'était plus plus. Beaucoup plus que ça.
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Ethan McLorgan
Ethan McLorgan
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Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Vide
MessageSujet: Re: Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Icon_minitimeDim 8 Mai - 11:54

Il ne pouvait dire si c’était ce que sa mère avait ressenti lorsque pour la première fois, elle embrassa l’homme qu’elle ne cesserait plus jamais d’aimer et pour qui elle abandonnerait plus tard sa vie, ses enfants, ses rêves, tout. Il ne pouvait le savoir puisque jamais il n’avait ressenti une telle chose. Jamais il ne s’était senti aussi bien, jamais ses rêves ne lui avaient paru si fades comparés à cet instant. Jamais il n’avait finalement aimé. Sa mère lui avait peut-être transmis cette capacité à s’offrir ainsi à un seul être, pour la vie. C’était comme un sacrifice qu’il venait de faire, sans vraiment y penser, il venait lui-même de s’enchaîner pour le restant de ses jours à ce bel Adonis aux cheveux bleus, cet être sublime, unique, parfait. Il s’était offert par ce simple baiser et pas même ne lui était venu à l’idée que lorsque le beau sorcier le rejetterait avec dégoût, il en mourrait probablement de chagrin, une peine qu’il n’aurait alors jamais connu, et qui ne pourrait se soigner en se plongeant dans son travail. Il n’aurait plus aucun moyen d’être sauvé. Et en même temps, ne venait-il pas d’être sauvé ce matin-là, dès lors que son collègue s’était assis à ses côtés sur le rebord de la fontaine du village ? N’était-il pas clair maintenant que toute cette histoire faisait partie d’un engrenage préétabli dont il n’aurait pu s’échapper? C’était tout un monde qui s’ouvrait à présent à Ethan, et il ne savait quoi en faire. Ses lèvres contre celles de Seth, il pouvait sentir son cœur battre, tellement fort que sans doute il éclaterait dans les secondes à venir. Ses mains, toujours agrippées à son aimé, pour ne pas relâcher son étreinte et l’empêcher de le fuir, tremblotaient. S’il avait peur, il ne le savait pas. S’il avait honte, il ne s’en doutait pas. Si l’autre prendrait la fuite et le laisserait là, seul et détruit, il s’efforçait à ne pas y penser. Une chose était pourtant certaine, il était heureux. Tout son corps s’embrasait pour lui exprimer ce bien être qu’il ne pourrait jamais trouver ailleurs et qui jusqu’à aujourd’hui semblait s’être détourné de sa vie. Il était en train de goûter au plaisir de ne plus exister que dans un seul but : faire le bonheur de cet autre homme dont il dépendait maintenant corps et âme. Goûter à ces lèvres lui paraissait un privilège accordé à des êtres dont il ne faisait pas parti. Douces, elles ne lui donnaient guère envie de s’éloigner mais l’attiraient davantage ; il était comme enchainé à ce corps qu’il avait lui-même saisi dans ses bras. Plus rien d’autre n’avait d’importance, pas même ses travaux pour lesquels il s’était battu toutes ces années, pour lesquels il avait sacrifié ses sentiments, pour lesquels il s’était caché, forcé à devenir froid et dur. Non, plus rien ne pouvait compter maintenant qu’il avait Seth. Mais… l’avait-il vraiment, lui? Après tout, le pauvre professeur de Sortilèges et Enchantements n’avait peut-être pas pu éviter son geste et se trouvait en ce moment-même en train de faire une syncope dont il le punirait amèrement.
Ses idées devenaient un peu plus claires, un peu plus réalistes. Il allait sans doute se prendre une claque magistrale, se retrouver stupéfixer au milieu des chevaux de bois et des enfants… des enfants, du carrousel, de la musique, des couleurs. Tout lui revenait maintenant. Envouté par son propre geste, perdu dans cette soudaine rêverie magnifique, il en avait oublié où tous deux se trouvaient. Il en avait oublié la musique qui elle-même avait bien moins de pouvoir que la charmante voix suave de Seth. Les couleurs perdaient de leur magie face à sa peau pale, ses cheveux et yeux bleus. Tout avait disparu, le monde avait cessé d’exister pour laisser place à un lieu céleste, divin, où Ethan avait pu côtoyer ce demi-dieu, cet Adonis, cet ange, cette apparition divine qui avait ancré une marque indélébile en lui. Reprendre conscience semblait le plonger dans une réalité à laquelle il n’appartenait déjà plus.

La réalité, elle reprenait ses droits, petit-à-petit. Bientôt, le baiser prît fin, l’étreinte se finît. Ils étaient à présent seuls sur le carrousel, les pieux chevaliers avaient fuis devant leur ennemi, la bête ne serait pas terrassée, il n’y aurait pas de princesse sauvée de sa tour d’ivoire. Il n’y avait qu’eux, Seth et Ethan. Si quelqu’un avait été sauvé, Ethan pensa que c’était lui. Libéré d’une vie sans amour, ça paraissait tellement cruel de pouvoir vivre sans, il n’en prenait conscience que maintenant. Et puis, Seth prenant ses distances, son visage décomposé, partagé entre deux émotions ; son bonheur commença à faner. Il se doutait de ce qui allait arriver. Il allait cesser de vivre, non pas par excès de bonheur, mais devant la privation de son amant ; il allait se faire jeter.

Ce baiser, même s’il ne parvenait à se le reprocher, avait sans doute était une grosse erreur. Il avait déjà blessé son collègue auparavant en étant égoïste, il venait de recommencer. Cet amour naissant était pur égoïsme, il en était certain. Il aurait pu le cacher, vraiment ? Il n’en était finalement pas certain. Ce désir ardent de prendre Seth dans ses bras et de l’embrasser avait pris possession de son corps, il n’avait rien pu faire pour l’en empêcher.

La réalité, elle est toujours plus terne et fade que les rêves. Elle était là, et s’apprêtait à frapper.

« Ethan...Je...»

Bientôt, dans quelques secondes, son cœur s’arrêterait de battre. Bientôt, il maudirait ce jour comme étant le plus beau, mais le plus triste. Bientôt, il serait condamné à errer sur le même banc où sa mère n’avait vécu que de rêveries silencieuses, et il quitterait le monde des vivants.

« Je suis désolé! »

La réalité. C’était… comme, comme une fissure, un déchirement. Il le sentît, son cœur s’arrêta, le sang monta à son cerveau, se figea. Il resta là, à ne rien dire. Qu’aurait-il bien pu dire. Qu’aurait-il bien pu faire ? Prétendre que sa maladresse l’avait fait glisser aurait pu marcher avant, mais là… plus maintenant, c’était impossible. Il ne pourrait rien réparer, et dans son cœur, se disait qu’il n’y avait rien de briser sinon lui-même. Il commençait à se sentir coupable d’avoir infligé une telle chose à l’autre professeur. Les hommes étaient tellement cruels, il le savait, il l’était depuis longtemps déjà. Et là, sur ce carrousel, il avait à nouveau montré sa monstrueuse facette. La pire de toute. Il était laid et n’avait pas mérité un tel contact.

Il baissait la tête, honteux de son acte, tellement que des excuses ne suffiraient pas cette fois, lorsque Seth prît sa main le trainant derrière lui, l’arrachant à ce lieu qui lui était probablement immonde et dégoûtant. Le geste était brutal, il était certainement en colère et devait sans doute l’emmener dans un endroit où personne n’assisterait à la scène qui suivrait. Et pourtant, il avait mérité d’être humilié devant le monde entier, sur ses propres terres, dans son propre paradis. Le carrousel était loin maintenant derrière, sa musique, ses couleurs, tout ce qui appartenait maintenant à cette petite part du passé perdait de sa beauté et devenait sombre et flou. Seth le détestait, il allait le tuer par un regard qui n’aurait plus aucune sympathie, par des mots dont la résonnance n’aurait plus rien de suave. Ces mêmes armes qui l’avaient tant rendu beau et qui avaient envouté Ethan, ces instruments de perfection qu’il avait adorés, il allait les voir prendre un tout autre aspect. Et en même temps, il le savait, il ne cesserait de le trouver beau, d’être charmé, amoureux.

Bientôt, dans quelques instants, il souffrirait plus qu’il aurait pensé en être capable. La disparition de son père, la mort lente et triste de sa mère, Joan Speeley, toutes ses anciennes plaies qu’il avait maintenues fermées, s’empêchant de les subir de la moindre manière, ces cicatrices allaient s’ouvrir, le déchirer, le mutiler par l’action d’un seul être. Il ne pourrait le supporter, non, ça serait bien trop dur.
Cette idée le brisa davantage et inconsciemment il cherchait à échapper à ce trop douloureux destin. Seth ne disait rien, ne se retournait pas, se contentait de poursuivre sa route, serpentant entre manèges, enfants joyeux, familles composées et profitant de la beauté des jours ensoleillés. Pour lui, son monde allait s’éteindre. Le pas se faisait plus rapide, la main qui l’empoignait se faisait plus ferme.

La réalité, elle avait un goût si amer. Il ne put se retenir plus longtemps. Tiré de la sorte parmi ces gens festifs, il pleurait, silencieux, essuyant ses larmes de son autre main. Il ressemblait un peu à un enfant puni dont le père, fâché, le privait de la fête, l’arrachant aux manèges, à la joie. S’il avait été un enfant, il aurait trouvé cela injuste. Mais là… il le méritait. Embrasser un autre homme sans sa permission… l’idée déjà semblait bizarre et étrangère à Ethan, mais plonger un innocent avec lui dans cette démence... Qu’il était laid, qu’il était répugnant.
Ses larmes chaudes lui semblaient brûler sa peau. L’enfant s’essuyait de sa manche, croyant vainement que sa douleur s’en irait. Elle resterait cependant à vie. C’était bien là le problème lorsque l’on était adulte et responsable ; les erreurs se payaient toujours d’une façon ou d’une autre, et souvent de manière bien plus atroce que ce qu’elles auraient mérité. D’une certaine manière, c’était idiot de sa part, il ne voulait pas mourir. Il ne voulait pas vivre cet instant. Il ne voulait pas entendre Seth le rabaisser, l’insulter, le battre à mort. Il aurait tellement voulu faire marche arrière, mais… c’était bien là le paradoxe, il ne voulait ni souffrir de son geste, ni l’effacer, et de la même manière aurait tellement voulu ne pas meurtrir son adoré. Rien pourtant ne se passerait comme il l’aurait souhaité. Trop de larmes, il ne voyait rien de ce qu’il se passait, rien du tout. Il ne savait pas jusqu’où le conduirait Seth, il se contentait de le suivre jusqu’à sa potence.

Il essuyait pour la dernière fois ses larmes lorsque tous deux s’arrêtèrent. Il discerna une ruelle vide, isolée. Là il écrasa sa cigarette. Bientôt, ce serait son tour, il demeurerait là, sur le sol, éteint, écrasé. Il baissa la tête avant qu’il ne pose le regard sur lui. Ses cheveux vinrent se placer devant ses yeux, il espérait qu’ainsi Il ne le verrait pas pleurer. Il ne voulait surtout pas adoucir son bourreau, il méritait sa condamnation. Et puis, il n’était en rien victime, mais coupable de son geste. Il accepta le jugement, il s’apprêtait à en recevoir les mots. Et puis, ses gestes violents, le début de sa mise à mort.
Seth le prit par le col (allait-il l’étrangler ?). Hors de question de se défendre, il était sien à présent, son bien aimé pouvait bien faire ce que bon lui semblait de son corps, de sa vie. Lui, n’avait plus aucun droit.
Il ne fit rien non plus quand soudainement, il le jeta contre le mur. Son dos se plaqua contre le mur froid et dur, tel une poupée désarticulée, il était restait inanimé. Il ne put empêcher sa bouche de s’ouvrir et de laisser échapper un infime râle de douleur. Le choc avait été soudain, brutal. Sa respiration semblait se couper.
Et puis soudain, il revit son visage dans sa tête. Il aurait tellement aimé le revoir, une dernière fois, ce doux visage, pale et beau, sublime, parfait ; mais non plus noyé de haine et de dégoût, mais baigné de tendresse et de joie. Il aurait tout donné, mais il garda sa tête baissée. Et puis son amant-bourreau s’approcha, se colla à lui, sa tête au niveau de la sienne comme pour lui chuchoter quelque chose. Les mots, durs et cruels allaient jaillir, encore quelques secondes, bientôt il ne serait plus vraiment de ce monde. Il ferma les yeux, espérant vainement que cet autre choc serait moins lourd et puis :

« Tu es vraiment... »

Répugnant.

«… Charmant. »

La réalité lui jouait des tours. Ses yeux se rouvrirent tandis que sa tête se relevait. Et avant même qu’il n’ait pu dire quoique ce soit, penser à quoique ce soit, toujours empoigné par le col, Seth lui donna un baiser.
Leurs lèvres à nouveau étaient entrées en contact, ce délicieux toucher, cette merveille céleste, cette douceur angélique. Il ne comprenait rien. Où étaient les insultes, les reproches, les accusations ? Où était cette mise à mort qu’il avait cru mériter ?
Tout ça était beaucoup trop pour lui, beaucoup trop. Ses larmes coulaient bien plus encore qu’avant. La tête levée, car Seth était à la fois plus grand que lui, mais aussi parce que dans sa posture, il avait perdu quelques centimètres, ses larmes ne vinrent pas gâcher cet instant. Elles se contentèrent de couler en partant du coin extérieur de ses yeux et allaient se perdre dans ses cheveux, au niveau de ses oreilles. Ainsi, il l’espérait, Seth ne s’en rendrait pas compte.

Tout d’abord, il agrippa faiblement le corps du sorcier, cherchant à garder l’étreinte le plus longtemps possible. Mais bientôt il ne put poursuivre son effort davantage. Ses jambes se dérobèrent sous son poids et tous deux tombèrent sur le sol. Là, il agrippa à nouveau son sauveur, anciennement potentiel destructeur, et se jeta dans ses bras, l’étreignant plus fort encore par peur de le perdre. Ses larmes coulaient encore, toujours, et retrouvant l’usage de sa voix :

« Oh Seth, je t’en supplie, ne m’abandonne pas. Tout est fini de moi, Seth, je… tout ça s’est bien plus fort que je n’aurais pu l’imaginer. Je t’en supplie, reste avec moi, ne me laisse pas, je t’en supplie… »

Il pleurait plus fort encore, et saisissant le visage de Seth dans ses mains, comme pour s’imprégner de son regard, de sa beauté, il l’embrassa dans une suite de petits baisers qui parcoururent son délicat visage. S’il avait pu, il se serait approprié son être tout entier, mais déjà dépourvu du sien, il n’en aurait pas été capable. Non, s’il y en avait un qui avait fait vœu de s’offrir, c’était lui, pour une éternité qui ne les séparerait qu’à la mort. Au-delà, il le retrouverait dans ses rêves.
Il y avait toujours des larmes, mais elles se ponctuaient d’un sourire qui devait probablement lui donner une mine atroce, un névrosé. Il était encore chamboulé et ne savait réellement quoi penser du baiser que lui avait donné son collègue, son amant maintenant, pour de vrai ? Il ne voulait pas se précipiter dans des stupides conclusions qui s’avèreraient fausses, incomprises ; peut-être Seth lui-même perdait la tête et regretterait son geste. Peut-être que ce nouvel élan de joie et de bien-être céderait comme prévu à une fin tragique. Et pourtant, il souriait, il l’embrassa à nouveau, profitant de ce qu’il lui était offert, avant que ça ne lui soit reprit. Et écartant son visage, se dit que peut-être, il était temps de reconnaître la vérité :

« Seth… je… »

Il baissa la tête un instant, et la relevant le fixa dans les yeux:

« … je crois que m’être fêlé la cheville. »

Ce ne serait pas pour maintenant. Il avait peur de tout gâcher par des mots qu’il craignait lui-même de prononcer, tout comme il ne les avait jamais entendu. Il l’aimait, ou sans doute bien plus que ça. Il était heureux ainsi, c’était le principal, tellement que la douleur de sa cheville ne semblait pas réelle. Il aimait, c’était la première fois.


Dernière édition par Ethan McLorgan le Mer 18 Mai - 5:16, édité 1 fois
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Seth Ezekiel
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Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Vide
MessageSujet: Re: Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Icon_minitimeDim 15 Mai - 7:04

    Il y a des brûlures, sur le corps, qui ne se cicatrisent jamais. Elles ne forment ni cloques sur la peau, ni dommages dans l'épiderme. Ne ruinent pas la santé, ne défigurent pas. Tout au plus pigmentent-elles la peau dans un rouge plus foncé encore que celui d'une banale rougeur. Des brûlures qui apparaissent sans feu. Juste peut-être causées par une flamme qui lèche sa proie en un délicat baiser, une douce caresse.
    La peau de Seth s'embrase. Elle se consume exactement là où Ethan pose ses doigts, dans ce contact léger, ce papillon qui se pose sur lui et le force à s'enfoncer davantage dans l'inconnu. Il a le coeur qui bat plus vite que des ailes. Dans son corps, il parcourt des milliers de kilomètres, il quitte la Terre pour un monde éloigné que seul lui peut imaginer, les yeux fermés.
    Il y a, dans sa gorge, une respiration qu'il bloque, qui se bloque et dont il se fiche éperdument. C'est la fumée créée par cette flamme, par ces longues brûlures qui parcourent à présent son dos tout entier. Là où Ethan laisse glisser sa paume, là où il laisse s'avouer un amour interdit. Mais ce contact douloureux, Seth semble vouloir s'en approcher. Plus la main de l'autre s'appuie, plus il se laisse tomber dans le brasier allumé sous lui. Un buché. L'autre est un buché.
    Soudain, il se considère comme hérétique. Sorcier. Dans un sourire dément, il se laisse dévorer par l'incendie qui se déclare en lui. Il l'avoue, il est fou, fou à lier.

    « Oh Seth, je t’en supplie, ne m’abandonne pas. Tout est fini de moi, Seth, je… tout ça s’est bien plus fort que je n’aurais pu l’imaginer. Je t’en supplie, reste avec moi, ne me laisse pas, je t’en supplie… »

    Il le serre dans ses bras, agenouillé de part et d'autre de ses jambes. Il voudrait, étrangement, s'éloigner quelque peu, décoller son torse de celui de l'autre professeur. Mais il ne parvient pas à se déserrer de ces bras où il se sent soudain si bien, à sa place. Pourtant il le faut. Dans un relent de force et de courage, Seth se défait de l'emprise d'Ethan. Le regarder, juste poser ses yeux dans ceux de l'autre et tenter de comprendre ce qu'il y lira. Comme s'il avait un quelconque don pour ce genre de choses. Mais il s'en fout. L'amour, même lui peut le comprendre.
    Et si ce n'est pas ça?
    C'est plus douloureux que tous les incendies de monde, que tous les ravages qu'ils peuvent causer. Mais l'idée qui lui étreint le coeur et le fait se reculer de l'autre le force aussi à clore ses yeux, à retenir la tristesse qui pourrait s'y dévoiler.
    Ses lèvres quant à elles restent entrouvertes, et il ressent les baisers, ces souffles tièdes qui viennent raviver en lui la flamme qui vacillait. Ces papillons, à nouveau, qui se posent sur ses joues et lui causent milles tourments. Lui aussi, saisit le visage de l'autre, avec l'unique désir de ne pas le lâcher.

    « Seth… je… »

    Et celui-ci ouvrit les yeux. Il ne fallait pas qu'Ethan dise cela. Pourquoi? Pourquoi soudain cette peur de l'amour revenait lui contracter l'estomac comme l'aurait fait un coup de poing ressurgit du passé?
    Il s'était déjà brûlé les ailes, papillon décharné et mourant. Il ne voulait plus connaître cela, il l'avait promis, et Ethan ne devait pas briser ça. Il ne devait pas le forcer à infliger cette torture à son tour. Le passé était ce qu'il était.
    Une dernière fois, le professeur aurait aimé poser ses lèvres sur celles de l'autre. Peut-être aussi pour l'empêcher de parler, le faire taire à tout jamais, et garder ce moment comme il était. Comme il devait rester dans leur mémoire. Comme un instant de magie, pur, parfait. Sans les larmes que Seth effaça du visage de l'autre en parcourant ses joues de baisers.

    « … je crois que m’être fêlé la cheville. »

    Son visage contre celui de l'autre, sa bouche contre son oreille, Seth ne pu retenir un rire doux, qui venait de faire éclater l'étrange boule qui obstruait sa gorge. Cela fit même partiellement exploser son coeur, mais l'important n'était pas là. Bien sûr, il ne fallait pas qu'il entende l'autre dire ces mots. Et puis il ne les pensait pas. Donc il ne les dirait pas.
    Il n'y eut pas de larmes dans ses yeux. Pourtant, quelque chose en lui semblait avoir fondu en larmes.

    « Je-J'espère que ce n'est pas à cause de moi. Je suis désolé, Ethan...»

    Dans sa bouche, le tintement du prénom de l'autre semblait avoir changé. Il y avait une douceur revigorant, un peu de sensualité qui le poussa à se mordre la lèvre, regrettant d'avoir été trop loin.
    S'il le désirait? La question ne se posait même pas. Ses mains, tremblantes, quittèrent le visage de l'autre pour se poser sur son torse, l'espace d'une seconde. La seconde d'après, elles étaient sur le mur, servant d'appui, tandis que son front, collé à celui d'Ethan, établissait un nouveau contact.
    Il ouvrit ses paupières, si près de l'autre, l'observa et se permit un nouveau sourire. Avec ses joues et ses yeux rouges, Ethan n'avait jamais été aussi beau qu'en ce moment. Force était de constater que si son coeur battait si fort, il finirait par ne plus résister à ce qui s'offrait à lui. Le torse de l'autre semblait appeler ses baisers, remontant vers lui pour s'éloigner à nouveau, dans un cycle infernal que Seth ne quittait pas du regard.

    « Ethan. Ethan, je pense que...Je vais te faire porter, et t'emmener à l'infirmerie. »

    Il éloigna alors son visage de celui de l'autre. Par la force des bras et des jambes, il se redressa, posant un baiser sur le front du professeur toujours assis par terre. Ezekiel, tu vas trop loin. Mais il lui était impossible de s'arrêter, sauf en se faisant violence. Ses lèvres subirent un assaut répété de ses dents. Il détestait ce qu'il ressentait, il s'en voulait, se déchirait de l'intérieur.
    Et relevait sans difficulté l'homme qui lui procurait tant de sentiments contraires pour le forcer à s'asseoir sur une caisse en bois. Lorsque ce fut fait, il passa sa main droite dans ses cheveux, les repoussant en arrière pour dégager son visage fatigué. Il était las.
    Las de lutter contre ce qu'il était, jour après jour. Las de se battre contre des sentiments, des gens, des faux semblants. Las de de voir échouer dans cette guerre, en se retrouvant, guerrier au pied du mur, à implorer son adversaire de ne pas l'achever.

    Oh Seth, je t’en supplie, ne m’abandonne pas.
    Debout, face à Ethan, il se répétait cette phrase, sans la comprendre. Bien sûr, il aurait pu demander à l'autre de s'expliquer.
    Tout est fini de moi, Seth, je…
    Mais il ne fallait pas. Sans être plus malin que la moyenne, il avait eu peur de comprendre dès la première seconde. Il avait, bien sûr, eut encore plus peur lorsque son corps lui avait intimé de répondre à ces paroles. Il avait eu peur, luttant contre lui-même.
    Tout ça s’est bien plus fort que je n’aurais pu l’imaginer.
    Lui aussi. Le premier jour, pourtant, dans cet escalier, dans ce décors, il avait imaginé un baiser, une accolade, un bonjour timide. Il s'était vu monter les marches, s'excuser de ne pas s'être présenté, lancer une légère blague et oublier l'impression qui l'avait planté là, comme un enfant prit sur le fait. Cette impression d'être perdu, d'être tombé dans la gueule du loup. Et voir Ethan monter les marches, ne pas lui jeter le moindre regard. Faire comme s'il n'existait pas. Il avait eu peur, ce soir-là, le jour de son arrivée, ses cheveux encore humides de la pluie qui s'était abattue sur le chemin. Peur de n'avoir l'air que d'un pauvre chien trempé, abandonné, face à un être si pur. Son âme toute entière en avait été secouée. Il l'avait vu, pour la première fois, ce fantôme régurgité par son passé qu'il voulait repousser le plus possible. Et qu'il n'avait fait qu'attirer à lui, par la force des choses, par volonté, par désir. Par égoïsme.
    Je t’en supplie, reste avec moi, ne me laisse pas, je t’en supplie…

    « Il...Vaut mieux qu'on en reste là. Ethan...Je. J'ai peur de toi. De ça. De nous. »

    Sa voix tremblait. Est-ce que l'autre comprenait? Il le suppliait.
    Ne m'abandonne pas, reste avec moi, pardonne moi ma bêtise. Pardonne mes peurs, pardonne ce que je suis, ma lâcheté. Ethan, embrasse moi, ne me laisse pas partir.
    Frappe moi s'il le faut, hurle, pleure encore. Utilise les pires bassesses, ne craint pas mes mots. Et si je te demande de partir, reviens. Si je te demande de mourir, vis. Si je te dis de disparaître, sois à chaque coin de rue, dans chacune de mes pensées. Sois là.
    Ethan, sauve-moi.


    Il se lança dans ses bras, maintient ses paupières fermées à en avoir mal. Dans un dernier baiser, qu'il voulu être le plus douloureux de tous, il attrapa la main de l'autre et la posa sur son coeur.
    Il y eut un éclair. Puis le vent qui balaya une feuille, secoua un sac en plastique. La ruelle était à nouveau vide.
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Ethan McLorgan
Ethan McLorgan
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Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Vide
MessageSujet: Re: Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Salade de pensées étranges et inavouées sauce maladresse {Seth & Ethan} [TERMINE] Icon_minitimeMer 18 Mai - 6:57

Ils étaient là, tous deux effondrés sur le sol, dans cette ruelle sombre et vide. Au loin, on pouvait entendre encore quelques cris de joie que poussaient forains, foraines et villageois heureux. La petite musique de certains manèges n’avait plus que l’aspect d’un murmure. Ils étaient loin, ces deux sorciers, loin de tout et pourtant, si proche l’un de l’autre.

Ethan se sentait bête de cette soudaine douleur. Seth, lui, s’en excusa. Entendre sa douce et belle voix prononcer son nom le fît frémir. Son cœur battait si fort qu’il aurait pu lui exploser la poitrine et le laisser sans vie ; une mort qui n’aurait rien d’affreuse, rien de douloureuse, elle ne se ferait que garante de ce nouveau bonheur, ce nouvel amour, le premier, cet espoir de nouveaux jours pour lui, bien plus ensoleillés que les précédents.
Seth et Ethan, ce serait une belle histoire, de l’amour à chaque seconde, des baisers, des caresses ; oui, il serait heureux, il n’attendait plus que ça. Ne plus jamais le voir s’éloigner car désormais sans lui, il n’était plus rien, plus absente encore son ombre, plus malheureux que tous les martyrs, la torture ne trouverait de fin, ni dans cette vie, ni durant son repos éternel. Il serait condamné à souffrir son absence, s’il cessait de l’aimer. Et pourtant… l’aimait-il ? Lui-même n’avait pas prononcé ces mots porteurs de tant de sens et de beauté. Seth non plus n’avait rien dit, ne disait rien. Peut-être n’étaient-ils pas fait l’un pour l’autre, peut-être était un de ces amours à sens unique qui vous martèle le cœur de coups féroces et inépuisables chaque jour pour vous rappeler que jamais vous ne serez aimé. Non, Seth ne les dît pas, pas même en murmure.

Puis il sentît sa main contre son torse. Un tel geste, il l’avait déjà provoqué une fois dans la bibliothèque, un soir. Mais tandis que le passé n’avait qu’un goût de pure fraternité, le présent se voulait, lui, beaucoup plus tendre, amoureux. Il y avait dans ce contact bien plus qu’il ne pouvait en accepter, en garder pour lui. Tout cet amour, cette chaleur soudaine qui s’emparait de lui, qui le rendait esclave d’un autre, il aurait pu le partager avec le monde entier. C’était bien trop pour un seul être. Et en même temps, il désirait tout garder pour lui, voler à ce beau sorcier tout ce qu’il pouvait ressentir, lui voler son parfum, sa voix, son regard, sa peau, son corps tout entier, il aurait aimé en être le propriétaire. Puis il réalisa que si Seth était sien, il ne saurait quoi faire, beaucoup trop maladroit et ignorant de ces choses. Non, c’est lui qui s’offrirait une fois encore à son amant, qui le laisserait le dévorer, se revigorant de toute parcelle vitale de son corps. Il en était le sujet, il en était la nourriture.

Cette main, il aurait aimé la garder contre lui, et il sentait bien que Seth tentait difficilement de s’en séparer.
Pourquoi vouloir le laisser ainsi ? Pourquoi vouloir se défaire d’une si belle étreinte ? Ethan s’inquiéta, à nouveau, son monde sembla se détruire, son bonheur à s’effriter.

« Ethan. Ethan, je pense que...Je vais te faire porter, et t'emmener à l'infirmerie. »

Il y avait quelque chose dans la voix de son aimé qu’il ne parvenait à identifier. Il y avait quelque chose, mais quoi ? Ces tourments semblèrent revenir à l’assaut, comme pour le poignarder une fois encore. Non, quelque chose n’allait pas, n’allait plus. Seth devait s’être rendu compte de son erreur, de cette soudaine folie dans laquelle il refusait de se laisser plonger par un égoïste tel qu’Ethan. A nouveau, son cœur se souleva ; il n’aurait su dire si c’était pire ou non que la première fois. Un léger baiser déposé sur son front, c’était doux, dévastateur. Non, ce n’était plus pareil. Il ne dît rien, il ne savait pas quoi dire d’ailleurs, rien n’aurait été utile. Puis son prince charmant et torturé l’aida à se relever, le faisant s’asseoir.

Son visage avait quelque chose de triste. Son amour souffrait, cet ange se brûlait les ailes, par sa faute. Le professeur de potion sentît une boule dans sa gorge. Pleuré ne servirait plus. Tout recommençait, à nouveau. La peur de la mort, de souffrir, de ne plus être là que physiquement, d’errer de rêveries en rêveries, sans ne plus jamais toucher le sol, ne plus se réveiller, s’éteindre. Oui, c’était la même chose, ce pressentiment.
Au fond, Seth n’avait rien dît, peut-être était-il charmant, mais cela ne le rendait pas plus femme, pas plus objet de désir. Jamais Seth ne l’aimerait, c’était certain. Il n’attendait plus qu’une chose maintenant, ou qu’il l’achève complètement, ou qu’il ne le rassure et le couvre encore de baiser.

« Il...Vaut mieux qu'on en reste là. Ethan...Je. J'ai peur de toi. De ça. De nous. »

Le monde qui s’effondre. Qu’est-ce que c’est que de vivre pour ça ? Pour voir les choses vous glisser entre les doigts. La peur, de quoi ? C’était pourtant si simple, Ethan n’était qu’un monstre, il ne méritait pas une telle histoire. Les rêves ne touchent que ceux qui les méritent, les autres, ces immondes créatures, s’ils leur prenaient de rêver, c’était pour prendre conscience de ce qu’il n’aurait jamais, afin qu’ils deviennent plus vils et froids, plus repoussants. Le demi-dieu, c’était Seth, l’immondice, c’était Ethan. Il n’aurait jamais dû se laisser envouter, se laisser croire à quoique ce soit. Ça avait été idiot, au départ, maintenant ça ne prenait la forme que d’un pur suicide.

Il avait peur, Ethan ne pût baisser la tête, il le regardait, fixement, avec de grands yeux emplis de tristesse. Son adoré ne regardait pas, il n’osait pas, il ne voulait sans doute qu’une chose, se débarrasser de ce fardeau.

Avoir peur de lui, le professeur de potions en aurait presque ri de nervosité. C’était si évident, si naturel. Il comprenait, il s’en voulait. Il se blâmait davantage d’avoir heurté son collègue (il n’aurait jamais plus autre qualificatif), de l’avoir ainsi entraîner de chute, dans cette démence.

La boule dans gorge, il déglutît. C’était soit ça, soit les larmes. Il ne pouvait plus pleurer. Il l’avait déjà fait, comme une vaine tentative pour lui prouver son amour ; finalement ça n’avait pas marché. Seth était bien plus humain que lui, le laisser se perdre de cette façon, il ne le pouvait pas. Non, il n’y avait rien à faire, c’était fini. Ou du moins, ne pourrait-il qu’acquiescer.

« Tu… tu as sans doute raison. Tout est ma faute Seth, je… c’est mieux si on s’arrête là, oui. »

Ça voix avait eu l’air d’un murmure, à peine audible, tremblotante, chargée de peine. Il ne parvenait même pas à retrouver un peu de son habituelle distance. Peut-être jamais ne redeviendrait-il comme avant et il se voyait déjà telle une épave. Aurait-il encore le courage de faire quoique ce soit, de prétendre que rien ne s’était passé. Il n’en avait pas le choix, il le faudrait. C’était ça ou… finir comme sa mère. Les larmes lui montèrent aux yeux, la douleur dans sa gorge la lui brûla. S’en était définitivement fini de lui. Et puis un baiser, qui sonnait comme le dernier. Il n’aurait pas dû faire ça, ce serait bien trop dur maintenant. Il lui prît la main qu’il posa sur son cœur. Non, non, non, pourquoi faisait-il ça ? Pourquoi l’achevait-il une dernière fois, de cette manière, si douce et belle ? Pourquoi ne lle laissait-il pas mourir ? Pourquoi ne le laissait-il pas en paix, sombrant dans sa douce rêverie. Il en était fini de lui. Ses larmes recommencèrent à couler tandis que dans un éclair, ils disparaissaient.


[FIN DU TOPIC]
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