L'attente, c'était quelque chose que James connaissait particulièrement bien. Chaque fois qu'il devait en subir une, il clamait toujours que ça avait été la plus longue de toute sa vie : l'attente à la cantine de l'orphelinat alors que son ventre criait famine, l'attente d'un colis pour un cadeau de noël, l'attente des résultats des BUSE, l'attente des toilettes quand une centaine de gosses sont déjà devant lui pour pisser... Bref, James sait ce que c'est. Mais jamais il n'aurait pu penser qu'attendre Cherry lui paraîtrait si court et si long à la fois.
Peut-être était est-ce d'une part parce qu'il redoutait qu'elle ne vienne pas, et peut-être était est-ce parce qu'il redoutait aussi son arrivée. Tout était différent maintenant, il en était même très heureux, mais le Cohary ne pouvait s'empêcher de se poser quelques questions. Si Cherry continuait à le voir comme un simple ami et que tout ce qui s'était passé n'avait été qu'une mascarade, une erreur, il passerait une fois de plus pour un pauvre abruti.

Il avait d'ailleurs l'air d'un abruti en ce moment même. Les mains dans les poches, jouant avec les cailloux du bout de sa basket, il ne put retenir un petit soupir. Non, elle n'était pas en retard, il était en avance, il était bien trop tendu et ça l'agaçait. Aucun des garçons qu'il connaissait n'était tendu avant un rendez-vous ! Il expira lentement et tenta de se détendre un peu. Bizarrement, quand il rouvrit les yeux, le Cohary se sentit soudainement plus courageux. Cherry était une fille, pas un monstre à trois têtes qu'il devait combattre sans baguette! (quoique -SBAF-) Tout ceci avait été réel, il n'avait aucune raison de s'inquiéter.

Et de toute manière, il n'en avait plus le temps, car sa chère et tendre arrivait à grands pas. Il se tourna un peu, les mains toujours dans les poches, un sourire en coin apparaissant sur son visage. Elle était ravissante, et il s'attarda dans sa contemplation. Il fixa pendant un court moment ses chaussures, prit plus de temps à regarder ses jambes fines, appréciant la petite longueur de cette jupe, ou peut-être bien robe, il n'en savait rien et il s'en fichait un peu. James connaissait bien ce petit chandail et l'aimait bien, puis il prit rapidement le temps de la fixer directement. Elle semblait essoufflée, un peu paniquée même, ses joues un peu rouges lui donnant un air mignon qui fit ricaner intérieurement le Cohary. Ses cheveux étaient noués, ce qu'il regretta quelques secondes, puis il changea bien vite d'avis ; cette coiffure lui laissait voir son long et fin cou absolument adorable.
Oui, c'est d'un niais, limite insupportable, n'est-ce pas. Mais bon, quand on est amoureux comme James Grey, hein... En tout cas ce dernier écarquilla bien vite les yeux en voyant sa petite amie (huhuh) tomber à genoux si subitement. Un peu inquiet, il s'apprêtait à lui demander si tout allait bien mais elle le coupa littéralement dans son élan.

CHERRY - Je suis désolée! Tu-tu peux pas savoir comme je suis désolée d'être en retard James! Tu ne m'attends pas depuis trop longtemps?

Croisant son regard suppliant, qui l'attendrit tout de suite, James se contenta de secouer doucement et gentiment la tête, un faux air exaspéré trônant sur son visage. Quelle importance si elle avait été en retard ou pas, l'essentiel était qu'elle était arrivée. Il tendit sa grande main afin d'attraper celle plus petite de Cherry et de l'aider à se relever avec douceur mais aussi avec assurance et agilité (quel homme). Un bon moyen de l'attirer tout de suite vers lui et de pouvoir observer ses traits fins pour la... énième fois peut-être.

JAMES - C'est moi qui suis un peu en avance, ne t'inquiètes pas ! Tu es à l'heure, et...

Pris d'une soudaine confiance en lui, James laissa sa main droite se glisser contre sa nuque, tandis que l'autre se calait entre ses reins et de déposer délicatement ses lèvres contre les siennes, se baissant quelque peu. Ce baiser resta très chaste, mais James savait qu'il le laissait durer peut-être un peu longtemps ; en même temps, il était dur pour lui de s'en décoller, c'était bien trop agréable de pouvoir le faire sans craindre de représailles, d'être tout à fait libre de l'embrasser de cette façon, réellement, et non plus dans un rêve où un William enragé viendrait lui coller une bonne raclée à la fin. Cependant, il réussit à se faire une raison et se décolla de quelques centimètres, restant logiquement très proche de la jeune fille.

JAMES - Tu es très belle, Cherry.

Soudainement, toute sa confiance en lui disparut, mais il fit mine de ne pas perdre ses moyens. L'emploi de ce terme précis d'une manière aussi naturelle le déstabilisa brusquement. Il n'avait pas dit "mignonne", "charmante" ou bien "jolie". Il avait dit qu'elle était belle et c'était déstabilisant de pouvoir lui dire si facilement alors qu'il avait gardé ça pour lui pendant si longtemps.

Cherry ne put s'empêcher de se mordiller la lèvre en souriant, se retenant de rire en devinant que James faisait semblant d'être exaspéré par son retard. Elle était rassurée, soulagée même. Elle baissa la tête vers les pieds du jeune homme et soupira. Ces glousseuses allaient regretter de presque l'avoir mise dans le pétrin. Toutefois, il n'était pas le moment pour penser à ces radoteuses. Elle oublia d'ailleurs ces dernières un instant quand la main de son petit-ami (huhu x2) apparu devant elle. Alors que son souffle reprenait tranquillement son rythme habituel, elle releva les yeux pour observer le garçon qui lui tendait la main. Ce garçon! Celui pour lequel elle s'était faite si belle, pour lequel elle s'était inquiétée comme une folle pendant si longtemps. Celui à qui elle avait récemment confessé des sentiments qu'elle avait longtemps cru impossible. Il était là, lui tendant la main lors de leur premier rendez-vous galant, habillé de la façon la plus naturelle qui soit. Elle regrettait presque de se présenter là toute pouponnée. Elle cacha toutefois cette impression d'un petit sourire niais qu'elle lui lança en saisissant sa main.

Aussitôt qu'il l'eut aider à se relever, elle rosit. Encore cela? Oh, ça n'était pas la première fois qu'il en faisait ainsi, mais il ne s'était pas gêné pour ajouter une petite touche qu'il n'avait jamais eu le droit de se permettre avant. Ça ne la dérangeait pas, ça ne lui déplaisait pas qu'il l'attire ainsi vers lui...ça la perturbait, tout simplement. Elle n'eut même pas le temps de penser à le remercier qu'il prit la parole. Son coeur faisait comme la dernière fois. Il battait. Il battait beaucoup trop fort et rapidement pour que ça ne soit normal. Elle qui normalement était si extravertie et avait tendance à être celle qui causait des rougeurs aux joues des autres se retrouvait à son avis beaucoup trop souvent dans la situation inverse ces derniers temps. Les gestes délicats de son ami la captivèrent. L'étrange confort de sa main qu'il glissait sur sa nuque, la chaleur de son autre main posée sur elle et la douceur de ses lèvres caressant les siennes. Ce contact la surprit. Pas qu'elle ne le voulait pas, elle était juste si étonnée que le Cohary puisse avoir une telle confiance. Sa surprise était telle qu'elle ne ferma pas tout de suite les yeux...mais bientôt elle ne put résister à l'envie de se faire et d'elle aussi savourer ce moment à son meilleur. Pour certains ce baiser aurait paru trop long. Pour elle, qui n'en avait pas le contrôle, il avait été trop court. Elle savait très bien que s'en était de même pour son ourson favori.

Ses paupières s'ouvrirent très lentement quand leur lèvres se séparèrent. Soudain, à peine s'était elle remise de ses émotions, il la complimenta. C'était étrange, elle avait encore une fois une sensation de nouveau. Pourtant, il lui avait déjà dit qu'elle était jolie avant, c'était plutôt commun...et plusieurs autres hommes l'avaient fait d'ailleurs. Non, c'était différent. Il n'avait pas dit "mignonne" ou "bien", il lui avait dit qu'elle était belle. Ses joues s'empourprèrent encore. Elle était heureuse qu'il lui dise ça. Plus heureuse que si ces mots étaient sortis de la bouche de n'importe quel autre étudiant de Swelty. Ça lui faisait terriblement chaud au cœur de l'entendre lui dire cela. Elle lui sourit de la plus honnête des façons et lui répondit également ainsi. Elle se reconnu aussitôt dans ses propres paroles. Ça faisait du bien d'être soit même entre toutes ces déstabilisations.

-M-merci James, mais tu aurais quand même pu faire un effort toi aussi!, avait elle dit en croisant les bras sur sa poitrine, créant à nouveau une certaine distance entre eux, et laissant ressortir sa déception.

Non, elle n'était pas d'une nature chiante. Elle était de nature blagueuse. Elle s'en foutait bien de ce dont il était habillé. Dans tout les cas, il serait plus mignon sans -BAM-. Elle savait que ce genre de commentaire entrainerait un certain malaise chez le jeune Grey. Quoi? Elle protégeait son titre...et elle ne pouvait pas ne pas succomber à l'envie de voir la tête qu'il ferait. Elle ne put retenir son rire bien longtemps toutefois. Elle rouvrit un œil bien trop curieusement et ricana en le rassurant. Ça aurait été vil de le faire se sentir mal plus longtemps.

-Je plaisante! On s'en fout. Tu serais pas mon James préféré sans ta tignasse mêlée et vêtu d'un complet. Brrr. Juste à y penser j'ai des frissons.

La rouquine termina sa plaisanterie en lui servant une grimace, suivit d'un sourire...puis d'une certaine hésitation. Elle avait du mal à rester loin de lui depuis ce qu'il s'était passé dans la salle commune. La douleur qu'elle éprouvait quand elle s'en éloignait lui semblait au moins cent fois pire que celle qu'elle ressentait quand son cœur s'excitait lors de leurs rapprochements. Lui tenir la main, le serrer dans ses bras, caresser sa peau...elle avait du mal à faire n'importe quel de ces gestes mais les désirait intensément en même temps. Passer de simples amis à un couple n'était pas une transition facile. Et si elle faisait un faux pas? Si elle en faisait trop? Il lui en voudrait? Elle avait si peur d'aller trop vite...elle avait tout aussi peur qu'il en fasse de même. Les joues rosies, elle lui saisit le bras et le regarda directement dans les yeux, laissant son sourire s'échapper. Avec une tendresse incalculable, elle posa ses lèvres sur la joue de James. L’intensité de leur premier baiser l'avait tant troublée qu'elle n'osait plus aller créer le contact entre leur bouches. C'était elle qu'il l'avait mis en place après tout. Elle l'avait forcé. Elle avait tant risqué. Pour le moment, les embrassades qu'il décidait de poser dans leurs conversations lui suffisait.
Était-ce si compliqué d'aimer pour de vrai?

La cerisette était heureuse malgré son état inhabituel. Pourquoi cela? Les rôles inversés avaient en fait leur avantages et leur désavantages. Jusqu'à cet instant l'instant elle ne remarquait que les mauvais côtés de la chose, mais en y repensant elle trouvait la situation plus avantageuse que désastreuse. Certes, elle bégayait et se montrait plus timide qu'à l'habitude, mais de voir une telle confiance chez James c'est fou ce que ça la touchait. Elle pourrait tomber amoureuse de ce James là plus de cent fois! Ce James qui lui dit qu'elle est belle sans rougir, qui l'embrasse sans pudeur comme s'ils faisaient ça depuis des années, qui ne se prive pas de la prendre dans ses bras s'il en a envie. Depuis combien de temps cachait-il tout cela? Il lui fallu une guerre pour changer? Est-ce que cet invraisemblable inversion des rôles était permanente et dût à leur nouveau vécu? En quoi la mort de Rosa pouvait générer une Cherry aussi réservée comparée à la Colven qu'elle était avant? C'était simplement la honte d'avoir serré une peluche qu'elle avait baptisé James pendant de longues heures qui la coinçait autant? Pourtant elle le lui avait dit.
C'était comme ça qu'elle murissait? Peut-être réalisait-elle trop tranquillement que cette-fois-ci l'amour n'était pas un jeu...et c'est ça qui l'effrayait. C'est ça qui créait cette intense gêne au moindre gestes et paroles du jeune Grey. Elle réalisait que pour une fois, ces blagues débordantes de sous-entendus risquaient de s'avérer vraies. Elle ne pouvait nier qu'elle y avait pensé plusieurs fois depuis leur double déclaration. Elle avait hâte, mais en même temps ça lui faisait une de ses peurs. Elle savait que son ami en valait la peine, qu'il attendrait le bon moment, mais avec ces blagues mises en place si tôt il faut dire qu'elle ne savait plus trop comment les choses se passeraient. Elle venait de comprendre que c'était en partie ça qui la déstabilisait tant. Pour une fois, ce n'était pas elle qui avait le contrôle.

Elle savait que sa tentative d'en prouver le contraire avait été médiocre. Pas grave, elle aurait milles fois l'occasion de se reprendre durant la soirée. Monsieur avait gagné la première manche. D'autant plus qu'il n'avait pas fini d'en rajouter. Elle n'avait pas décerné sa deuxième gaffe. Elle lui avait tout parfaitement placé pour qu'il réplique avec grâce. Elle n'aurait jamais cru qu'un jour elle aurait perdu une bataille dans le jeu des sous-entendus brulants contre James, mais il faut dire qu'aujourd'hui il était un vrai artiste dans la matière. Un pro. Comme s'il était un grand séducteur qui jouait à cache cache depuis 100 ans. Il plaçait chaque mot au bon endroit, juste au bon moment pour la surprendre encore un peu plus.

— Pourquoi ma chambre ? Tout autre endroit fait aussi bien l'affaire l'affaire, tu ne crois pas ?

Aussitôt qu'elle entendit ces mots, la cerise cacha son visage teinté bourgogne avec ses mains. Ce qu'il était bon chasseur cet ours! Il l'avait encore piégé avec talent. Les images de plus tôt revinrent, un peu plus osées, un peu plus longues et dans des lieux bien plus loufoques. Cette rue, le stade, une classe...des endroits qu'ils avaient l'habitude de fréquenter ensembles. Ses mains se glissant sur le dos du jeune homme pour aller caresser cette chair que depuis des années elle avait inconsciemment attendrit à force de la pincer avec cette chère Moly. Elle ne s'aidait pas, mais la phrase de son petit-ami portait trop à penser à ce genre de choses bien que de son côté il soit déjà hilare. Elle se trouvait ridiculement perverse.

— Personnellement, j'avoue que j'ai une petite préférence pour les placards à balais, pas toi ?

Son regard bébête se posa sur James un instant. Il éclatait de rire et elle savait qu'il y avait une raison mais le lien fut terriblement long à faire. Pendant un instant elle se demanda même s'il avait deviné ce à quoi elle pensait. Puis, ça lui revint. Les rumeurs qu'elle avait entendu les papoteuses radoter pendant toute la matinée. Elle éclata à son tour et l'observa. Oh, si seulement elle pouvait lire ses pensées. Si seulement elle pouvait comprendre ce que ce regard signifiait. Il la fixait, intensément. Oh, il pensait certainement à combien il était rusé. Il savourait sa victoire, ce sale ours sauvage! Elle cessa de rire et le fixa également jusqu'au moment ou il brisa le lien et s’installa à ses côtés. Pour une fois, elle parvint à contenir ses rougeurs et elle s'agrippa légèrement au t-shirt de James. Ce genre de moment, ces contacts tout simples, ça lui paraissait encore plus génial que n'importe laquelle des galipettes sous-entendues plus tôt. Du moins, c'était le cas pour le moment. Ils n'étaient qu'au premier rendez-vous.

- Mais avant de songer à ça, il faut d'abord s'occuper de ce rendez-vous. On va par là ? Je crois qu'il a un champ d'arbres en barbe à papa !

Avec tout ça, elle en avait oublié où ils étaient. La place aux sucreries, cet endroit auquel tout les enfants rêvaient depuis l'enfance. Des friandises! Partout, sans limites. Miam, rien qu'à y penser elle sentait son ventre s’affoler. Se collant un peu plus à son amoureux, elle entama le pas en lui souriant autant de ses lèvres que du regard. Elle aussi, elle se sentait comme la gamine qu'elle avait autrefois été. Elle avait trop hâte de voir tout ce que cet endroit cachait.

-Vendu! Je me demandes...tu crois qu'ils ont saveur de cerise? Ou la Barbe-À-Papa c'est toujours à la Barbe-À-Papa?

Bien sur, une Cerisette, ça reste une cerisette! Elle avait trop envie de trouver les endroits où étaient les sucreries qu'elle jugeait déjà comme étant les meilleures, les incontournables, les plus magnifiques, les plus savoureuses où même les plus excitantes de toutes celles qu'elle croiserait. Les bonbons à la cerise. Juste y penser ça la rendait plus folle que n'importe quel des commentaires que James ait pu faire plus tôt. Son obsession pour la cerise, rien ni personne ne pouvait vaincre ça. Cet endroit, elle voulait en découvrir chacune de ces parcelles. Si c'était avec James, c'était justement encore mieux. Ils avaient bien des mystères à résoudre, des choses à explorer avant de se rendre à des nuits torrides et chaudes ensembles. Ce lieu était le parfait "Niveau 1" pour leur relation.
Vivement le premier level up!